Coût de la rentrée : 3 655€ pour cette famille avec trois enfants, « on se prive pour prioriser leurs études »

« On recycle ce qu’on peut d’un enfant à l’autre, mais on ne peut pas toujours » raconte Helena
« On recycle ce qu’on peut d’un enfant à l’autre, mais on ne peut pas toujours » raconte Helena

RENTRÉE - 10 % d’inflation sur les fournitures scolaires depuis juillet 2022. C’est ce que l’UFC-Que Choisir annonçait cet été, alors qu’en grande surface, les prix ne semblent pas baisser. Un contexte économique tendu qui oblige bien des familles à redoubler de vigilance sur les dépenses de rentrées pour pouvoir rester à flot, avec ou sans prime de rentrée scolaire.

Pour Le HuffPost, Helena* a accepté de faire le point sur les revenus de sa famille et les dépenses engendrées par la rentrée de ses trois enfants de 14 à 21 ans, qui représentent plus d’un mois de salaire net pour elle et son conjoint.

« On préfère se priver plutôt que de rogner sur leurs études »

Helena estime faire partie d’une « classe moyenne qui galère ». À deux, elle et son partenaire perçoivent 3 500 € par mois de salaires : 1700 € pour elle, en tant que chargée d’insertion, et 2 200 € pour son mari peintre en décors. Ils reçoivent 141 € d’allocations familiales. Après des augmentations de revenus, pour la première fois cette année, ils ne toucheront pas l’allocation de rentrée scolaire qui jusqu’ici les aidait d’environ 600 €.

Au quotidien, la vie est chère pour la famille et les parents ont tendance à se serrer la ceinture. « On ne va pas pleurer sur notre sort mais le pouvoir d’achat est une vraie question, explique la chargée d’insertion. Tout augmente, sauf nos salaires. En cinq ans, je suis passée de 70 € de courses par semaine à 150 € - et j’achète tout chez Lidl. »

Elle estime qu’une fois toutes les charges de la famille payées, il leur reste désormais environ 300 € de reste à vivre. « Pas de quoi multiplier les petits plaisirs », soupire-t-elle. Alors, face à ce coût de la vie qui s’alourdit, Helena et son conjoint font le choix de prioriser les études de leurs enfants sur les sorties ou les divertissements. « On préfère se priver de différentes choses plutôt que de les voir rogner sur leurs études. On veut respecter leurs envies, leurs ambitions et ne jamais avoir à leur dire Tu ne pourras pas passer ce diplôme parce que c’est trop cher »

« Plus on monte dans le niveau d’études, plus c’est cher »

Le début d’année scolaire le plus coûteux est celui de son aînée. Âgée de 21 ans, elle entrera cette année en master mais ne sait pas encore lequel, certaines procédures d’admission étant encore en cours. Ce qui est sûr, c’est qu’il impliquera pour elle d’emménager dans une autre ville. Helena et son compagnon prévoient donc de dépenser 300 € par mois pour le loyer de leur fille. « Ses grands-parents l’aident un peu, et elle travaille l’été pour avoir un peu de marge sur le quotidien pendant l’année scolaire », explique la mère de famille.

Pour sa rentrée, Helena a dépensé 150 € de papeterie et a noté des prix en forte augmentation. « Même les produits de base comme les crayons sont devenus horriblement chers ». Elle a aussi compté 300 € de livres scolaires, et 200 € de frais d’inscription, un montant dont elle a constaté l’augmentation depuis le début des études de sa fille - ce qui se confirme notamment pour la CVEC.

Elle prévoit aussi un budget de 400 € de vêtements, chaussures ou accessoires de rentrée, ainsi qu’environ 40 € par mois pour ses frais de transport. Pour la rentrée de leur fille, les dépenses d’Helena et son conjoint s’élèvent à 1 400 €, en plus des dépenses mensuelles à venir.

Des fournitures scolaires chères, et de mauvaise qualité

Son deuxième enfant a 17 ans. Il étudie en bac pro dans le secteur médical et aimerait devenir infirmier. Pour pouvoir exercer dans son domaine, il a besoin de plusieurs vêtements professionnels spécifiques : des pantalons et des t-shirts dont elle décrit le coût comme « exorbitant ». Son fils étant en pleine croissance, elle prévoit qu’il changera « au moins une fois de taille dans l’année » aussi bien pour les vêtements professionnels que pour les vêtements et chaussures du quotidien. Le budget vestimentaire de cette rentrée, pour son fils, s’élève à 600 €.

Elle a compté ensuite 200 € de frais de fournitures scolaires, dont elle déplore la baisse de qualité. « Quel que soit le prix qu’on y mette, c’est de la camelote. Donc on achète en plus grande quantité, pour prévoir les remplacements. »

Le couple parental a aussi dépensé 300 € de livres nécessaires à la formation de leur fils. Pour ce poste de dépenses, leurs achats chiffrent un peu plus haut que ce que requiert le lycée : « En bac pro, les manuels d’exercices peuvent aider à aller plus loin que ce qu’ils voient en stage, il y a des cas pratiques… Je préfère qu’il ne se nourrisse pas du minimum, donc on a tendance à acheter pas mal de livres à la rentrée : on achète ceux qui sont obligatoires, mais aussi ceux qui sont conseillés. »

Hébergé en internat, l’inscription de son fils lui a coûté 235 €. Sa rentrée coûte donc 1 435 €, auxquels s’ajouteront dans l’année 90 € de frais de transport pour un double abonnement TER/transports de ville et les 10 € d’assurance mensuels.

« On essaie de recycler au maximum »

C’est pour son fils le plus jeune que les frais de rentrée sont les plus bas. Cette année, il fera sa rentrée en troisième dans le collège public de son secteur et pour lui aussi, le coût des fournitures scolaires est élevé.

« On a essayé de recycler au maximum : on a récupéré des cahiers de son aîné en arrachant les pages, par exemple. Parce qu’il peut y avoir plusieurs cahiers par matière, donc ça prend vite des proportions phénoménales, explique Helena en détaillant ses achats. Il y a aussi des profs qui peuvent avoir des exigences particulières, par exemple, un stylo de chaque couleur au lieu d’un seul quatre-couleurs plus économique. »

En tout, elle a compté 200 € de fournitures, ainsi que 100 € pour des cahiers d’exercices en langues vivantes ou les livres au programme. « Je les trouve dans notre bibliothèque ou je vais les acheter d’occasion. Mais souvent, on se fait engueuler par les profs parce qu’on n’a pas la bonne édition avec les bonnes annotations, et parfois, cela nous oblige à les racheter. C’est très frustrant. » Précise-t-elle.

800 € environ pour une rentrée en 3e

Peu de produits peuvent se passer d’un enfant à l’autre : certains se cassent, d’autres deviennent obsolètes car les programmes changent. « Aucun de mes trois enfants n’a passé le même brevet ! » souligne Helena. Son fils étant en pleine croissance, elle a acheté 400 € de vêtements et d’accessoires de rentrée, tenue de sport comprise. Pour économiser, elle tente de prendre de l’avance et de faire ces achats en période de soldes mais avec un adolescent de cet âge, « C’est au petit bonheur la chance, raconte-t-elle. L’an dernier, je lui ai acheté un jean au début des soldes de juin et à la rentrée, il était déjà trop petit. » Elle explique par ailleurs éviter les achats en ligne ou sur Vinted pour éviter les mauvaises surprises côté taille, et privilégier les achats en lots et les magasins low cost.

Elle prévoit par ailleurs 110 € par mensuels de frais de cantine et 10 € mensuels d’assurance. Pour le benjamin des trois enfants, la rentrée aura coûté 820 €.

Si l’on additionne les dépenses de rentrée à payer en une fois et les premières occurrences des frais mensuels (loyer, transport, assurance…), cette rentrée 2023 pour trois enfants coûtera 3 655 € à Helena et son partenaire. Un budget conséquent qui dépasse leurs salaires, et qu’ils essaient d’anticiper toute l’année. « On met de côté tous les mois pour avoir ce qu’il faut au moment de la rentrée, même si c’est compliqué », détaille la chargée d’insertion. Mais ils ne parlent jamais de ces difficultés avec leurs enfants. « On ne veut pas qu’ils se sentent coupables de quoi que ce soit, surtout pas d’étudier », conclut-elle.

* Le prénom a été modifié

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