CNOSF: la guerre Masseglia/Henriques agite le sport français à 14 mois des JO

Une ambiance délétère à 14 mois des Jeux olympiques à Paris. Ce mardi, lors du conseil d’administration de l’instance, un homme a fait le show: Denis Masseglia. L’ancien patron du CNOSF, de 2009 à 2021, était présent pour livrer sa version sur la situation. "Une colère froide", selon ses mots, parce qu’elle "touche à l’institution CNOSF". À l’origine de cette venue, Brigitte Henriques qui voulait de l’apaisement après des semaines mouvementées. Finalement, cette réunion n’a fait qu’empirer la situation.

"Il n’y a pas d’autre issue que ta démission"

Au cours de sa déclaration, Denis Masseglia a clairement émis le souhait de voir la présidente du CNOSF démissionner. "Tu dois admettre qu’il n’y a pas d’autre issue que ta démission et si je m’exprime aujourd’hui en ce sens, tu dois bien imaginer que ce n’est pas sur un coup de tête, a expliqué Denis Masseglia devant les membres du CNOSF. (…) La demande de ta démission est maintenant effective, elle est même solennelle au nom de l’intérêt supérieur du mouvement sportif français".

L’ancien homme fort du CNOSF a aussi listé les polémiques des derniers mois. Les frais de taxis, le départ de Didier Séminet, les dépenses pour la gestion des crises, le vol d’une carte bleue et des opérations de communication "diligentées sous pavillon CNOSF" alors qu’elles "concernaient des affaires strictement personnelles". Lors de son discours, Denis Masseglia s’est aussi longuement attardé sur "l’affaire Fortépaule".

L’ancien président de la Ligue Centre-Val-de-Loire de football a été condamné en 2023 à un an de prison avec sursis pour harcèlement moral et sexuel. Dans ce dossier, le 4 octobre 2018, l’ancienne dirigeante de la FFF avait rédigé une attestation de moralité en faveur du dirigeant. La patronne du sport français est toujours restée sur la même ligne et confiée qu’elle n’avait jamais eu d’avis négatif au sujet de Jacky Fortépaule. "Elle a réalisé cette attestation seulement sur les aspects professionnels, justifie Arash Derambarsh, avocat de Brigitte Henriques. Cette attestation prouve qu’il n’y a pas eu la volonté de dédouaner de quoi que ce soit M. Fortépaule".

"Denis Masseglia est aigri"

"Denis Masseglia est aigri. Il avait soutenu Brigitte Henriques en contrepartie d’un travail ou d’une fonction professionnelle. Chose qui a été refusée par la présidente, confie Arash Derambarsh, représentant les intérêts de Brigitte Henriques. Il se venge aujourd’hui sur des faits dont Brigitte Henriques s’est expliquée en toute transparence".

Avant de poursuivre : "En revanche, je note qu’aucune affaire de violences faites à des femmes n’a été dénoncées et portée sous la présidence de Denis Masseglia. Je pense notamment aux affaires Catherine Moyon de Baecque, qui travaille aujourd’hui avec Brigitte Henriques, ou à celle de Sarah Abitbol. Pire, Denis Masseglia écartera l’idée de l’observatoire de violences faites sur les sportives proposées par Najat Vallaud Belkacem". Les deux affaires citées par l’avocat de Brigitte Henriques ont éclaté sous la présidence de Denis Masseglia. L’avocat poursuit quand même : "Denis Masseglia n’a rien fait. Est-ce qu’il a fait un article 40 (du code de procédure pénale qui oblige tout officier public ou fonctionnaire à saisir la justice s'il a acquis connaissance d'un crime ou d'un délit, ndlr) ? Je ne sais pas. Ouvert une commission ? Rien n’a été fait. Il a des choses à cacher ce monsieur ? Je ne sais pas. Mme de Baecque, depuis le début, c’est Brigitte Henriques qui va la prendre sous son aile".

La ministre souhaite une sortie de crise rapide

Ne rien laisser passer. Ce mercredi matin, lors d’une table ronde organisée au siège de Paris 2024 sur le thème de la lutte contre la haine et afin de favoriser l’inclusion des personnes LGBT+ dans le sport, la ministre a été très offensive sur le sujet. A quelques mois des Jeux olympiques sur notre territoire, l’instance doit retrouver de la sérénité et du calme.

"C'est un motif de préoccupation, a-t-elle indiqué à l'occasion d'une table ronde. J’aurai l'occasion d'avoir un échange avec Brigitte Henriques. Il y a une échéance importante, qui est celle du 25 mai avec l'assemblée générale du CNOSF. Le mouvement sportif ne peut en aucun cas se permettre de telles divisions à 14 mois des Jeux olympiques et paralympiques et devant le monde entier. Cette maison doit revenir en ordre, avec l'ensemble des parties prenantes, qu'elles soient actuellement ou anciennement aux responsabilités. C'est le sens des messages que je leur passerai dans les prochains jours."

Juste après ce colloque, la ministre des Sports a reçu la patronne du CNOSF afin d’échanger sur ce sujet des divisions internes. Au cours de cette réunion, Amélie Oudéa-Castera a fait part à Brigitte Henriques de la nécessité d’une sortie de crise rapide. Les prochaines semaines seront capitales pour mettre fin à cette période mouvementée au sein du Comité. L’inquiétude est forte chez les dirigeants français à quelques mois des Jeux olympiques. Dans l’entourage de la présidente, on confie qu’elle reste "combattive" et qu’elle "ne pense pas une seconde" à démissionner dans les prochaines semaines.

L’avocat d’Henriques va porter plainte

Devant les membres du CNOSF, Denis Masseglia a confié sa volonté de déposer plainte contre X pour abus de confiance auprès du Parquet national financier. La plainte n’a pas encore été transmise au PNF. Ce mercredi soir, Me Arash Derambarsh a annoncé à RMC Sport déposer une plainte "en son nom" contre Denis Masseglia et un journaliste du quotidien L’Équipe pour "diffamation".

L’avocat fait référence à cette phrase de Denis Masseglia prononcée devant les membres du CNOSF mardi soir : "Un avocat, accusé par la Sorbonne de plagiat (...) se permet de dire dans la maison du sport français (…) qu’il se réserve le droit de porter plainte contre quelqu’un qui a été président de l’institution pendant 12 ans". "Quand on attaque l’avocat d’une personne qui est victime ça prouve que l’on souhaite faire de la déstabilisation et que l’on perd ces nerfs", termine le représentant de Brigitte Henriques. Prochain épisode dans la série CNOSF, le 25 mai, avec l’assemblée générale.

La présidente du CNOSF ne devrait pas démissionner à cette occasion. Certains dirigeants souhaitent un vote de confiance pour renforcer l'instance. Avec le risque d'un résultat négatif. À 14 mois des prochains Jeux olympiques, la gouvernance du sport français montre son mauvais visage.

Article original publié sur RMC Sport