CNews : pour Aurélien Saintoul, l’émission anti-IVG de la chaîne a été diffusée coûte que coûte

POLITIQUE - CNews dans le viseur. Ce mardi 14 mai, Aurélien Saintoul, rapporteur LFI de la commission d’enquête sur l’attribution des fréquences TNT, a présenté devant la presse les conclusions de ce rapport très attendu, rédigé après des mois de bisbilles avec le président macroniste de ladite commission, Quentin Bataillon. Devant les journalistes, Aurélien Saintoul s’est attardé sur les pages 174 et 175 du rapport, consacrées à l’émission « En quête d’esprit », diffusée sur CNews dimanche 25 février 2024.

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Ce jour-là, la chaîne créée un tollé avec la diffusion d’un épisode dans lequel l’animateur de l’émission Aymeric Pourbaix présente l’interruption volontaire de grossesse comme « la première cause de mortalité » au monde, devant le cancer et le tabac. Par ailleurs, en plateau, trois intervenantes partageant le même point de vue sont interrogées. Le programme enflamme immédiatement les réseaux sociaux, poussant la chaîne à présenter ses excuses dès le lendemain à travers la voix de son animatrice phare Laurence Ferrari.

Quelques jours plus tard - hasard du calendrier - la direction de la chaîne est auditionnée par la commission d’enquête parlementaire sur l’attribution des fréquences TNT. Serge Nedjar, directeur de la rédaction de CNews évoque devant les élus évoque une « erreur inacceptable » et justifie l’incident par « un problème technique », tout en assurant qu’une enquête interne est en cours.

Or, ce mardi, Aurélien Saintoul raconte avoir fait usage de son pouvoir de contrôle les 25 et 26 avril dernier pour se rendre « à l’improviste » dans les locaux de Canal+ et contrôler l’avancée de l’enquête interne, que la direction avait assuré avoir diligentée immédiatement après la diffusion de l’émission.

« Une disposition à la transgression »

Parmi les documents qu’il finit par obtenir, le député cite un mail interne adressé par un membre du service juridique de CNews aux dirigeants de la chaîne quelques jours avant la diffusion de l’émission en question. « Ce mail est édifiant puisque non seulement il indique sans l’ombre d’un doute que le programme en question est problématique, relate le député, et que, en plus, (...) il est inopportun de le diffuser compte tenu du fait que la direction de la chaîne est auditionnée par la commission d’enquête la semaine suivante. »

Dans ce mail, consultable dans le rapport de la commission, le juriste chargé d’examiner la conformité de l’émission, recommande ainsi de reporter la diffusion de l’émission « en apportant quelques ajustements. » Pour Aurélien Saintoul, ce mail est la preuve du « calcul cynique » et « la disposition à la transgression » venant même d’agents « dont le travail est de se prononcer sur la conformité stricto sensu et pas de mener rune stratégie politique pour l’ensemble du groupe. »

Par ailleurs, compte tenu des éléments qui lui ont été transmis par la chaîne, le député estime ne pas avoir la certitude que CNews a bien mené une enquête interne et qu’elle ne portait pas uniquement sur l’aspect technique mais aussi éditorial. Interrogé en fin de conférence de presse, Aurélien Saintoul indique qu’un signalement sera fait à la justice. « Je n’ai pas du tout d’éléments matériels qui me permettent de penser que les dirigeants de la chaîne n’ont pas menti tout bêtement en disant qu’ils avaient immédiatement diligenté une enquête or je considère que le serment vaut y compris pour ce genre de chose, » conclut-il.

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