Cluster de maladie de Charcot en Savoie : dix années d’enquête tumultueuses

A partir de 2010, les cas de maladies de Charcot se multiplient près de Montchavin, en Savoie. La neurologue Emmeline Lagrange entreprend alors une enquête pour tenter d’élucider l’origine de ce cluster. Quatorze personnes décèdent de ce syndrome dans la région. Après 10 ans de recherches mouvementées, son équipe parvient à identifier le coupable : la fausse-morille. Retour sur une enquête hors norme.

“On ne regarde pas les codes postaux des patients, donc on ne s’est pas rendu compte tout de suite de l’apparition de cet isolat”, déplore Emmeline Lagrange, neurologue au CHU de Grenoble. C’est au cours d’un appel au docteur Valérie Foucaut, médecin traitant d’un de ses patients, que la chercheuse s’aperçoit de l’anomalie : il s’agit du quatrième diagnostic de maladie de Charcot, ou SLA (sclérose latérale amyotrophique - lire l'encadré ci-dessous) à Montchavin et ses environs. Et les cas se multiplient.

Emmeline Lagrange et son équipe entreprennent une course contre la montre pour identifier au plus vite l’origine du phénomène. Leurs travaux, publiés dans la revue Journal of the neurological sciences, incriminent finalement une gyromitre, ou fausse-morille Gyromitra esculenta, consommée de manière chronique par les habitants. Un dernier rebondissement a permis aux chercheurs de rectifier l’identité du spécimen, qui concorde désormais avec le développement du syndrome. Au total, quatorze personnes sont décédées de la maladie de Charcot dans la région.

Qu’est-ce que la maladie de Charcot ?
La maladie de Charcot, ou SLA, engendre un dysfonctionnement moteur qui aboutit à la paralysie par groupe de muscles : des membres jusqu’au visage. "A terme, les patients ne peuvent plus respirer seuls”, explique Emmeline Lagrange pour Sciences et Avenir. En effet, ce syndrôme affecte les motoneurones : ce sont les cellules nerveuses à l’origine du mouvement. Il existe deux motoneurones : le premier part du cerveau et s’arrête à la moelle et le second prend le relai jusqu’aux muscles. Cette maladie neurodégénérative atteint l’un des deux motoneurones en premier, mais aboutit à un dysfonctionnement des deux neurones moteurs, conduisant à la paralysie complète. Certains patients ont d’abord un déficit moteur au niveau de la main ou de la jambe : c’est le motoneurone entre la moelle et les muscles qui est touché. Dans d’autres cas, les malades ont une atteinte dite “bulbaire” : le dys[...]

Lire la suite sur sciencesetavenir.fr

A lire aussi