Climat : le retour du phénomène météo La Niña n’apportera pas la fraîcheur attendue dans le monde

La sécheresse prolongée associée au phénomène El Niño depuis début 2024 ont mis en alerte les réservoirs d’eau en Colombie.
LUIS ACOSTA / AFP La sécheresse prolongée associée au phénomène El Niño depuis début 2024 ont mis en alerte les réservoirs d’eau en Colombie.

CLIMAT - Enfin du frais ? El Niño, le phénomène météorologique naturel qui s’est ajouté au réchauffement climatique pour faire de 2023 l’année la plus chaude jamais mesurée, touche à sa fin. C’est La Niña (la « petite fille » en espagnol), un phénomène opposé à El Niño (le « petit garçon ») et synonyme de températures mondiales plus fraîches, qui va prendre le relais d’ici fin 2024. Une bonne nouvelle sur le papier, mais La Niña pourrait apporter d’autres problèmes et ne mettra pas fin aux effets du changement climatique.

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« Le phénomène El Nino 2023-2024, qui a contribué à alimenter une hausse des températures mondiales et des conditions météorologiques extrêmes dans le monde, montre des signes qu’il arrive à sa fin. Il y aura probablement un retour aux conditions de La Niña plus tard cette année », indique précisément l’Organisation météorologique mondiale (OMM) dans son bulletin de ce lundi 3 juin.

Il y a 60 % de chances que La Niña apparaisse sur la période juillet-septembre et elles augmentent à 70 % en août-novembre, ajoute l’OMM, qui juge que « le risque d’une réapparition d’El Nino est négligeable pendant cette période ».

Refroidissement « très faible »

Mais ce refroidissement pourrait être en moyenne très faible, avertissent les climatologues, en raison du réchauffement provoqué par les émissions de gaz à effet de serre de l’humanité. Ces émissions sont déjà responsables d’une hausse des températures mondiales d’au moins 1,2 °C en moyenne par rapport à la fin du XIXe siècle.

El Niño et La Niña, qui se succèdent en cycle, sont des événements climatiques naturels qui « se produisent désormais dans le contexte d’un changement climatique induit par l’homme, qui augmente les températures mondiales, exacerbe les conditions météorologiques et climatiques extrêmes et a un impact sur les régimes saisonniers des précipitations et des températures », rappelle à cet égard l’OMM.

« Les températures de surface de la mer exceptionnellement élevées continueront de jouer un rôle important au cours des prochains mois », a également souligné Ko Barrett, secrétaire générale adjointe de l’OMM, dans un communiqué, cité par Le Monde. Le quotidien du soir rappelle d’ailleurs que les neuf dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées, malgré un épisode La Niña de trois ans, entre 2020 et 2022.

Conditions plus sèches en Amérique latine, des ouragans plus violents

Le phénomène La Niña se traduit par un refroidissement de l’océan Pacifique oriental pendant une période d’environ un à trois ans, produisant les effets inverses d’El Niño sur le climat mondial.

Contrairement à El Niño, la Niña ne fait donc pas grimper les températures mondiales. Elle provoque en revanche d’autres problèmes climatiques. Elle entraîne des conditions en général plus humides dans certaines régions d’Australie, d’Asie du Sud-Est, d’Inde, dans le sud-est de l’Afrique et le nord du Brésil, mais des conditions plus sèches dans certaines régions d’Amérique du Sud.

Elle peut également contribuer à une saison des ouragans plus violente dans l’Atlantique. L’agence américaine NOAA anticipe une saison 2024 exceptionnelle, avec quatre à sept ouragans de catégorie 3 ou plus possibles.

Un possible retour de La Niña dès l’été ne suffit pas à nourrir l’espoir d’un soulagement rapide pour des régions comme l’Asie du Sud-Est, frappées depuis mars par des vagues de chaleur extrême.

« La planète se réchauffe et l’ENSO (cycle naturel qui provoque les variations climatiques NDLR) ne joue qu’un rôle secondaire là-dedans », insiste Michelle L’Heureux, spécialiste du phénomène à l’agence météorologique américaine NOAA. Et conclut : « Même avec le développement potentiel de La Niña dès cette année, nous nous attendons toujours à ce que 2024 soit parmi les cinq années les plus chaudes jamais mesurées ».

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