Climat: Les négociations à Katowice se prolongent

Les négociations sur la mise en oeuvre de l'Accord de Paris contre le réchauffement climatique, qui se déroulent à Katowice, dans le sud de la Pologne, ont été prolongées samedi pour permettre aux délégués de surmonter leurs dernières divergences. /Photo prise le 14 décembre 2018/REUTERS/Kacper Pempel

par Nina Chestney et Bate Felix

KATOWICE, Pologne (Reuters) - Les négociations sur la mise en oeuvre de l'Accord de Paris contre le réchauffement climatique, qui se déroulent à Katowice, dans le sud de la Pologne, ont été prolongées samedi pour permettre aux délégués de surmonter leurs dernières divergences.

Le séance plénière de clôture de la COP24 - 24e conférence des parties signataires de la Convention-cadre de l'Onu sur le changement climatique (CCNUCC) - a été repoussée à plusieurs reprises et les discussions se sont poursuivies toute la nuit, mais le commissaire européen au Climat et à l'énergie, interrogé dans la matinée, s'est dit optimiste quant à l'issue de la conférence.

"Les négociations de l'Onu sur le climat ont dépassé le temps imparti. Une dernière version du projet d'accord vient de sortir (...) Un accord est à portée de main", s'est félicité Miguel Arias Cañete.

Le texte en discussion porte sur les modalités de mise en oeuvre de l'accord conclu en France il y a trois ans, dont l'objectif est de maintenir le réchauffement climatique mondial "bien en dessous" de 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle.

La présidence polonaise de la COP24 avait demandé que le texte soit prêt jeudi après-midi à l'issue de près de deux semaines de négociations, mais les désaccords politiques ont freiné les débats.

Un premier projet d'accord a été ébauché dans la nuit de jeudi à vendredi sans susciter beaucoup d'enthousiasme, de nombreuses questions financières étant restées en suspens.

EVITER UN NOUVEAU COPENHAGUE

Le secrétaire général des Nations, Antonio Guterres, avait insisté auprès de la présidence polonaise pour qu'elle fasse en sorte que les discussions s'achèvent vendredi et que le texte final exprime "les ambitions les plus élevées".

"Il est primordial que Katowice ne soit pas un échec. C'est ce qui pourrait se produire de pire. Cela donnerait une impression de chaos, l'impression, que dans une certaine mesure, ce qui s'est passé à Copenhague s'est reproduit", avait-il dit.

Antonio Guterres a rappelé les délégués au souvenir de la conférence organisée en 2009 dans la capitale danoise qui s'était achevée par la conclusion d'un accord a minima.

Les dernières discussions ont trait à l'aide allouée aux pays les plus pauvres pour leur permettre de faire face aux changements climatiques. Les pays riches leur ont promis 100 milliards par an à compter de 2020, mais ils réclament davantage.

Des progrès ont par ailleurs été accomplis sur d'autres points, notamment la formulation du caractère primordial du rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) selon lequel il est essentiel de limiter à 1,5 degré le réchauffement climatique.

"NOUS NE VOULONS PAS QUE L'ACCORD DE PARIS

PERDE DE SA SUBSTANCE"

Le texte devra également détailler ce que feront les pays après la conférence et les moyens qu'ils mettront en oeuvre pour en atteindre les objectifs.

"Le texte admet le rapport du GIEC sur le 1,5 degré et il reconnaît que les promesses devront être réadaptées d'ici 2020 mais il n'engage pas les Etats à accélérer le rythme", a constaté Jennifer Morgan, directrice générale de Greenpeace France.

Pour les pays les plus exposés au changement climatique, l'une des questions centrales réside dans la mention d'un dispositif leur permettant d'assumer les coûts de plus en plus élevés des pertes liées aux effets du réchauffement climatique.

Ils tiennent également à ce que les pays industrialisés intensifient leurs efforts pour réduire leurs émissions de gaz polluants et pour financer la lutte contre le réchauffement climatique.

"Nous ne voulons pas que l'Accord de Paris perde de sa substance", a rappelé Mohamed Nasheed, l'ancien président des Maldives.

(avec Agnieszka Barteczko, Markus Wacket et Laurie Goering; Guy Kerivel, Jean Terzian, Nicolas Delame et Jean-Philippe Lefief pour le service français)