Claude Lucas : «Je n’ai jamais cru à mon personnage de braqueur»

Claude Lucas, le 9 février.

Rencontre avec l'auteur d'«une-certaine-absence@gmail».

Un son, un ton rendent immédiatement irrésistible le nouveau roman de Claude Lucas. Ne pas s’inquiéter, le titre, une-certaine-absence@gmel.ie, un peu intimidant, trouve son explication à la fin. La mention «ie» n’est pas du latin, et renvoie simplement à l’Irlande, où nous faisons un tour, pourquoi se priver, Galway est une ville agréable. Mel, le narrateur, arrive chiffonné à son bureau, comme tout privé qui se respecte. Il a reçu un courrier adressé à «M.B., Détective». Or, on l’appelle Mel. Personne ne sait qu’il s’appelle Melchisédech Brnzenswicg. Il n’ouvre pas la lettre aussitôt, qui contient une photo de pur effroi. Voici ce que nous a dit Claude Lucas, par mail, après qu’on l’a interviewé : «Je me suis souvenu qu’en écrivant ce texte, je m’étais dit qu’on pouvait le lire aussi comme une paraphrase du Cri de Munch.»

A l’agence R.I.R.E (Recherches, Investigations, Renseignement, Enquêtes), ils sont trois : Mel, son associé Georges Lanier, très vite plongé dans un coma utile à la construction du roman, et la rousse Aileen O’Shaughnessy, qui ne doit rien à la Mavis de Carter Brown, mais y fait penser. Mel rédige une sorte de journal qui fait «un bruit de roman policier». Parallèlement aux affaires en cours, il enquête sur lui-même. Va bientôt se traiter comme s’il était l’ombre de lui-même. Jusqu’à disparaître.

«La dissolution de son identité», contre quoi Mel lutte en écrivant, est déjà à l’œuvre dans Suerte, le roman par quoi Claude Lucas s’est rendu célèbre en 1995. Publiée dans la collection «Terre humaine», il s’agit d’une autofiction saisissante, une mise en abîme de celui qui se confronte à la page blanche, mêle le récit de ses braquages et une réflexion sur la condition pénitentiaire. Claude Lucas avait 20 ans quand il a purgé sa première peine. L’adolescent malheureux est devenu un délinquant. En prison, il a étudié la philosophie, découvert Levinas. Il est devenu l’écrivain qu’il était. A (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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