Clarence Thomas, juge à la Cour suprême des États-Unis, discrédité par un scandale

Le juge de la Cour suprême américaine Clarence Thomas, ici en octobre, fait l’objet d’une enquête du magazine d’investigation en ligne ProPublica.
Le juge de la Cour suprême américaine Clarence Thomas, ici en octobre, fait l’objet d’une enquête du magazine d’investigation en ligne ProPublica.

ÉTATS-UNIS - Croisières sur un méga-yacht, vols en jet privé… Le plus conservateur des juges de la Cour suprême américaine, Clarence Thomas, a accepté depuis plus de vingt ans moult séjours de luxe de la part d’un milliardaire connu pour ses dons au parti républicain, affirme une enquête de presse publiée ce jeudi 6 avril.

Le magazine d’investigation en ligne ProPublica dit avoir interviewé « des dizaines de personnes » et épluché des documents internes pour prouver que le magistrat avait accepté ces largesses de l’homme d’affaires Harlan Crow sans les déclarer.

Dans son enquête, ProPublica indique que Clarence Thomas se rend quasiment chaque été dans une propriété de l’homme d’affaires dans les Adirondacks, dans l’État de New York, et qu’il l’a accompagné au « Bohemian Grove » en Californie, un club d’élite exclusivement masculin.

Des révélations « stupéfiantes », a estimé dans un communiqué l’association Fix The Court, qui milite pour une réforme de la Cour suprême, temple du droit américain. Cela confirme, selon elle, la nécessité de la mise en place de règles plus strictes sur les cadeaux reçus par ses membres.

Clarence Thomas, un juge (très) controversé

« Harlan et Kathy Crow font partie de nos meilleurs amis, a justifié Clarence Thomas dans un communiqué. Comme les amis le font, nous les avons accompagnés lors d’un certain nombre de voyages. » Le doyen de la Cour suprême assure également ne pas avoir été au fait des règles encadrant les déclarations autour de ce type de séjours.

L’amitié entre le juge, qui compte le plus d’ancienneté à la Cour, et le magnat de l’immobilier avait déjà fait l’objet d’un article du New York Times en 2011, qui la qualifiait « d’inhabituelle et sensible en matière d’éthique ».

Ce n’est pas la première fois que le nom de Clarence Thomas est lié à une controverse : sa femme Ginni, lobbyiste et militante, a été impliquée dans la croisade de Donald Trump pour prouver - à tort - que la présidentielle de 2020 lui avait été volée. Une fois révélés les SMS et e-mails qu’elle a envoyés dans ce but, la gauche avait fustigé un apparent conflit d’intérêts et appelé son mari à se récuser de tout dossier électoral.

Nommé par le président républicain George H. W. Bush en 1991, il avait été confirmé malgré des accusations de harcèlement sexuel portées par une ancienne assistante. Il les a toujours niées, se disant victime d’un « lynchage high-tech ».

Un homme du peuple ? Ces déclarations refont surface

Les réactions à cette enquête n’ont pas tardé à se multiplier du côté des démocrates, qui considèrent que le sujet soulève des questions éthiques. Un élu de gauche a même réclamé sa démission immédiate.

« Pour préserver ce qui reste du respect de la population pour la Cour suprême des États-Unis, le juge Thomas doit immédiatement démissionner », a tweeté Hank Johnson.

« Cela va au-delà des questions de partis ou de soutiens. Ce degré de corruption est choquant - presque caricatural. Thomas doit être destitué », a également commenté la démocrate Alexandria Ocasio-Cortez.

De son côté, l’influent sénateur démocrate Dick Durbin a affirmé que « la plus haute cour du pays ne devrait pas avoir les normes éthiques les moins élevées ». Les révélations « montrent, encore une fois, que les juges de la Cour suprême doivent être tenus de respecter un code de conduite contraignant, comme tous les autres juges fédéraux », a-t-il dit. « L’article de ProPublica est un appel à agir, et la commission judiciaire du Sénat va agir ».

Des déclarations du magistrat dans un documentaire, dans lesquelles il se présentait comme un homme du peuple, ont refait surface jeudi.

« Je n’ai aucun problème avec le fait d’aller en Europe mais je préfère les États-Unis (...), je préfère traverser les zones rurales, disait-il. Je préfère les camping-cars. Je préfère les parkings des (supermarchés) Walmart aux plages et aux choses comme ça ».

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