"Une claque", "usant", "je vais me battre"... La dissolution jette le trouble chez les députés macronistes

Pour certains députés de la majorité, la dissolution de l'Assemblée nationale est un pari beaucoup trop risqué. D'autres se disent en revanche prêts à repartir "au combat".

Des députés autant amers que combatifs. Après l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale dimanche par Emmanuel Macron, certains élus de la majorité présidentielle font part de leur mécontentement, voire de leur aigreur. Comme ce député, qui souhaite conserver l'anonymat, qui raconte sa "colère" à BFMTV.com. Il juge très sévèrement le choix du président de la République et dénonce une décision irresponsable :

"Dissoudre l'Assemblée, c'est un pari risqué. Or, on ne parie pas avec la France, on ne parie pas avec son pays."

D'autres sont écœurés, au point de mettre un terme à leur engagement politique. Comme Joël Giraud, une figure politique des Hautes-Alpes et député Renaissance de la 2e circonscription de ce département. Après l'annonce de la dissolution, il a déclaré arrêter la politique.

"Cette dissolution, qui est l'annonce d'un gouvernement de cohabitation entre le président et l'extrême droite, alliée sans doute à une partie de la droite, compte tenu des forces en présence, ne fait pas partie de mon ADN politique", a assuré à BFM DICI l'ancien ministre de la Cohésion des territoires. "Ma carrière et mon engagement s'arrêtent donc le 30 juin."

Certains élus auraient préféré que l'échec de leur parti aux élections européennes -la liste du Rassemblement national (RN) menée par Jordan Bardella a recueilli 31,36% des suffrages contre moins de la moitié, soit 14,6%, des voix pour celle de la majorité dirigée par Valérie Hayer- se solde par une autre issue.

C'est le cas de Yaël Braun-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale et députée Renaissance des Yvelines, qui a estimé sur France 2 qu'il "y avait un autre chemin" que la dissolution. Celui "d'une coalition, d'un pacte de gouvernement", a-t-elle plaidé. "Je considère qu'il y a toujours différents chemins qui s'offrent à nous, je suis une fervente partisane des accords, des ententes, des recherches de compromis, de consensus."

Maud Petit, députée Modem de la 4e circonscription Val-de-Marne, avoue pour sa part être "sonnée", avec une sensation "de gueule de bois", confie-t-elle à BFMTV.com. Car cette élue ne s'attendait pas à une telle annonce de la part du chef de l'État.

"On savait que c'était dans la tête du président de la République, mais je n'avais pas imaginé que ce serait fait dans l'heure qui a suivi les premiers résultats", s'en étonne-t-elle encore.

Vincent Thiébaut, député Horizons de la 9e circonscription du Bas-Rhin, s'est douté dès le dimanche après-midi que le président de la République préparait "une annonce forte". "On savait que c'était quelque chose qui planait au-dessus de l'Assemblée nationale, mais on l'attendait plutôt pour la fin de l'année", pointe-t-il pour BFMTV.com. Il défend cependant la décision du chef de l'État. "C'est peut-être l'effet voulu par le président: un électrochoc pour réveiller la masse silencieuse dont nous sommes les représentants."

Richard Ramos, député Modem de la 6e circonscription du Loiret, s'y préparait, lui, à cette dissolution. "Je l'ai annoncée dès le jeudi (précédent le scrutin, NDLR) aux députés, ils m'ont dit: 'arrête de nous foutre la trouille'." Son affiche, ses tracts et sa profession de foi sont donc déjà prêts.

"C'est une claque, mais une claque salutaire", considère-t-il pour BFMTV.com.

Et ajoute, sans préciser le fond de sa pensée: "Si c'est Gérald Darmanin qui pilote la campagne, ce sera une bonne chose."

Les élections législatives se tiendront les 30 juin et 7 juillet prochains. Les députés n'ont donc que trois semaines pour convaincre leurs électeurs et électrices. Certains élus voient cette campagne à mi-mandat d'un bon œil. "C'est toujours un moment de rencontre, de dialogue, de débat", défend Richard Ramos. "Il faut qu'on arrive à créer un lien viscéral avec les Français."

Mais nombre de ces élus reconnaissent la particularité et la difficulté de la situation. "Ça va être compliqué", concède la députée Maud Petit, pointant quelque chose "d'usant" à repartir en campagne à mi-mandat. "Mais ça ne veut pas dire qu'il faut baisser les bras. Je vais me battre."

"Une dissolution, ce n'est jamais simple", abonde pour BFMTV.com Erwan Balanant, député Modem de la 8e circonscription du Finistère. Un élu loin d'être serein quant à l'issue du scrutin à venir. "On ne peut jamais être confiant sur une élection, d'autant moins celle-là."

Pourtant, la plupart d'entre eux n'ont pas hésité. Comme Delphine Lingemann, députée Modem de la 4e circonscription du Puy-de-Dôme, qui affirme à BFMTV.com avoir "déjà remis les baskets". Elle ne s'est, elle non plus, "pas trop posé la question". "La France ne peut pas se résumer aux extrêmes. Dans ma circonscription, le RN est arrivé majoritairement en tête. Je refuse que mon territoire devienne un territoire RN."

"On y va, on n'a pas le choix."

Même état d'esprit combatif pour Laetitia Saint-Paul, députée Renaissance de la 4e circonscription du Maine-et-Loire. "J'ai un suppléant et une directrice de campagne, une mandataire financier et une imprimerie", énumère-t-elle auprès de BFMTV.com. "On garde le rythme. Prête à repartir au combat électoral."

Article original publié sur BFMTV.com