Clément Beaune favorable à la légalisation de la GPA en France, mais "pas dans cette législature"

Clément Beaune, le ministre délégué chargé des Transports, marque son opposition à Emmanuel Macron en se positionnant en faveur de la Gestation pour autrui. Un chantier qu'il estime ne pas voir ouvert durant ce quinquennat.

C'est une prise de position à rebours de la politique du président de la République. Ce mercredi, à l'occasion d'un entretien à paraître dans L'Obs, Clément Beaune s'est montré favorable à une légalisation en France de la Gestation pour autrui (GPA).

Le ministre délégué aux Transports explique avoir "personnellement évolué" sur ce sujet. Et ce, pour deux raisons. D'abord, "l'amour".

"Il y a d’un côté tellement d’enfants en souffrance et de familles dysfonctionnelles, et de l’autre, tellement de couples qui portent dans leur cœur un projet d’enfants", appuie le membre du gouvernement et député à Paris.

Sa deuxième motivation, "la justice". Il estime que des couples ont déjà recours à la GPA, "seulement ceux qui ont les moyens de se rendre à l’étranger" comme au Canada ou aux États-Unis.

Ainsi, il juge que "la sélection se fait par l'argent et les contacts". Au contraire, si la France s'ouvrait à la question, elle pourrait imposer son cadre, un arsenal juridique "plus juste et plus protecteur, notamment pour les femmes".

Opposition à Emmanuel Macron

En prenant position sur ce sujet polémique, Clément Beaune ouvre la boîte à baffes et marque son opposition à son propre clan politique. En effet, en 2021, lors des débats sur la loi de bioéthique, le garde des Sceaux Éric Dupont-Moretti avait porté la voix du gouvernement sur la question : "Nous sommes contre la GPA".

En octobre de la même année, le président de la République avait mis sur le papier sa position, en répondant à une sollicitation de la CIAMS, une coalition internationale pour "l'abolition de la maternité de substitution".

"Les lignes rouges sont réaffirmées. Ainsi, il n'est pas question d'autoriser la gestation pour autrui en France", avait couché sur le papier Emmanuel Macron en réponse à l'association.

Le chef de l'État n'a pas eu l'occasion de réviser sa position sur ce sujet depuis.

Débat rouvert en 2026?

Cette volonté de Clément Beaune d'ouvrir le chantier de la GPA n'est cependant pas dans l'agenda politique immédiat. Il l'assure, la légalisation "ne se fera pas dans cette législature. Pourquoi? Car ce sujet clivant "ne figure pas dans le contrat présidentiel et législatif qu'[ils] ont passé avec les Français" lors des élections de 2022. En clair, la ligne ne figurait sur aucun programme ni promesse de campagne verbale.

Le Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE) est cependant tenu d'organiser des états généraux de la bioéthique tous les cinq ans. Ainsi, il est possible qu'en 2026 l'exécutif soit contraint de réaffirmer sa position sur la question. Et ce, dans ce même quinquennat.

Article original publié sur BFMTV.com

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