Le président ukrainien dit craindre une "invasion" russe

Prenant la parole au Parlement, le président ukrainien Petro Porochenko, qui évoque une "gigantesque menace" a affirmé que plus de 9.000 militaires russes se trouvaient en Ukraine et a accusé les séparatistes de vouloir lancer de nouvelles offensives de grande envergure. /Photo prise le 4 juin 2015/REUTERS/Valentyn Ogirenko

par Pavel Polityuk et Richard Balmforth KIEV (Reuters) - Evoquant une "gigantesque menace", le président ukrainien, Petro Porochenko, a affirmé jeudi que plus de 9.000 militaires russes se trouvaient en Ukraine et a accusé Moscou de vouloir envahir son pays. Des combats ont fait cinq morts et 39 blessés mercredi dans les rangs de l'armée ukrainienne près de Maryinka, à l'ouest du bastion rebelle de Donetsk, selon Iouri Birioukov, un conseiller du président ukrainien. Les insurgés pro-russes, qui accusent l'armée ukrainienne d'être responsable de cette flambée de violence, disent avoir eu de leur côté 19 morts -- 15 combattants et quatre civils. Les deux camps ont fait usage d'armes lourdes au cours de ces combats, les plus violents depuis des mois dans la région. Le Conseil de sécurité des Nations unies doit se réunir vendredi pour évoquer la situation en Ukraine, a-t-on appris de source diplomatique. Prononçant devant le Parlement son discours sur l'état de la nation, Petro Porochenko a déclaré que l'armée ukrainienne devait se préparer à défendre le pays contre "une invasion généralisée" le long de sa frontière avec la Russie. "L'armée doit être prête à une reprise de l'offensive ennemie dans le Donbass mais aussi à une invasion généralisée le long de notre frontière avec la Russie. Nous devons vraiment nous y préparer", a-t-il déclaré. "La concentration de forces russes près de notre frontière est une fois et demie plus importante qu'il y a un an", a-t-il ajouté, annonçant une hausse du budget de la défense. Mercredi, le ministère ukrainien de la Défense a déclaré que les séparatistes attaquaient les forces gouvernementales près de Maryinka, à une vingtaine de km à l'ouest de Donetsk, en violation du cessez-le-feu décrété en février à Minsk, la capitale biélorusse. Ils ont été repoussés après douze heures de combats, a précisé le ministère. Jeudi matin, la situation restait "tendue mais stable" près de Maryinka, a dit un porte-parole militaire. MOSCOU ACCUSE KIEV "Par trois fois les séparatistes ont bombardé nos positions durant la nuit. En ce moment, une opération est menée pour localiser des groupes de saboteurs infiltrés", a-t-il ajouté. L'armée ukrainienne rapporte par ailleurs que les rebelles ont ouvert le feu durant la nuit sur les positions gouvernementales près de Marioupol, sur la mer d'Azov, et sur des villages près de Louhansk, un bastion séparatiste. A Moscou, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a de nouveau accusé Kiev d'être responsable des combats. "Les accords de Minsk conclus en février sont constamment mis en péril par les autorités de Kiev", a-t-il dit. Pour le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, Kiev cherche à faire pression sur l'Union européenne, qui doit se prononcer prochainement sur la poursuite des sanctions contre Moscou. "Souvent par le passé, la partie ukrainienne a pris des initiatives afin d'aggraver les tensions avant certains événements internationaux d'importance. Nous y sommes habitués et cela se produit une nouvelle fois, ce qui nous inquiète beaucoup", a-t-il dit. L'Union européenne a demandé la fin de ces affrontements, les plus graves selon elle depuis février, qui risquent d'entraîner la région "dans une nouvelle spirale de violences et de souffrances". Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a estimé que Moscou avait une responsabilité particulière en Ukraine et devait agir pour faire cesser les combats. Il a demandé le retrait des armes lourdes de la ligne de front, comme prévu par l'accord de Minsk. La Maison blanche a de son côté fait savoir que Barack Obama plaiderait en faveur du maintien des sanctions européennes imposées à la Russie à l'occasion du sommet du G7 qui doit s'ouvrir dimanche en Allemagne. La France a appelé à faire cesser "immédiatement" les affrontements et a exhorté toutes les parties à appliquer l'accord de février. L'Allemagne a fait part de son inquiétude face aux "graves violations" de l'accord de cessez-le-feu. (Avec Gabriela Baczynska à Moscou et Noah Barkin à Berlin, Danielle Rouquié, Guy Kerivel et Tangi Salaün pour le service français)