Cinq blessés, suspect interpellé: ce que l'on sait de la fusillade survenue samedi dernier à Villerupt

Deux jours après la fusillade qui a fait cinq blessés, dont trois graves, à Villerupt (Meurthe-et-Moselle), l'homme soupçonné d'être l'auteur des faits a été interpellé ce lundi matin.

• Un homme encagoulé a ouvert le feu dans le centre-ville

Samedi, en début de soirée, un homme encagoulé a ouvert le feu dans le centre-ville de Villerupt et a fait cinq blessés avant de prendre la fuite à bord d'un véhicule.

"L'auteur se serait présenté à pied sur le lieu des faits, avant de faire feu et de prendre la fuite à bord d'un véhicule", a précisé ce lundi matin le procureur de Nancy François Capin-Dulhoste, chargé de l'enquête.

Un périmètre de sécurité a été dressé au pied d'un immeuble de six étages et des traces de sang étaient visibles sur le sol. Au total, "20 étuis de 9 millimètres" ont été retrouvés, "ce qui fait penser à un pistolet-mitrailleur", a-t-il ajouté, sans donner davantage de précisions sur l'arme utilisée qui est "en cours d'identification".

Contrairement à ce qui a été au départ annoncé par des autorités locales, il n'y a eu "qu'une seule scène de tirs", et "rien à Audun-le-Tiche", une commune voisine située en Moselle, a affirmé samedi la procureure de la république de Val-de-Briey, avant de se dessaisir au profit du parquet de Nancy, en raison de sa non-compétence pour ce type de faits.

Une enquête de flagrance a été ouverte et confiée à la Direction territoriale de la police judiciaire de Metz.

• Le principal suspect interpellé

Un individu suspecté d'être l'auteur des faits a été interpellé ce lundi matin dans la commune de Villerupt.

"Il a été interpellé à 06h05, à proximité du domicile de ses deux frères", et placé en garde à vue, a indiqué le procureur de la République de Nancy.

Selon des sources policières, le suspect est un multirécidiviste au lourd passé judiciaire. Né en 1985, il a déjà fait l'objet de dizaines de condamnations.

"Depuis qu'il a 16 ans, il ne fait que des allers-retours en prison", a indiqué une source proche du dossier. "C'est quelqu'un de très connu ici".

En octobre, il avait percuté un véhicule de la section d'intervention de Metz après un refus d'obtempérer, pour lequel il avait été condamné à de la prison ferme. Il avait été libéré il y a peu.

Il est issu d'une famille de cinq frères, dont quatre sont connus des autorités pour des affaires de vol, de violences et pour divers trafics. La fusillade pourrait avoir été conduite en représailles à l'humiliation récemment subie par un membre de la fratrie.

• Les enquêteurs veulent déterminer s'il était seul au moment des faits

Si un seul individu a pour l'instant été interpellé, les investigations vont se poursuivre et "s'attacher à déterminer s'il était seul" au moment des faits, a souligné François Capin-Dulhoste.

"Seul tireur, c'est à peu près constant, mais seul en cause c'est une autre question", a-t-il complété, s'interrogeant notamment sur la présence d'un éventuel chauffeur à ses côtés.

Dimanche, un véhicule calciné, "considéré comme le véhicule de fuite", a été retrouvé à Fameck (Moselle), a une trentaine de kilomètres de Villerupt.

• Cinq blessés, dont trois gravement

Au total, cinq personnes ont été blessées dans la fusillade, dont trois gravement. Parmi eux se trouve un mineur luxembourgeois de 17 ans qui a reçu une balle dans la tête. Il a été opéré dans la nuit de samedi à dimanche. Sur BFMTV, sa mère l'a décrit comme un "bon gamin, apprécié de tout le monde" dans la commune et qui n'a rien à voir avec le trafic de stupéfiants.

Un Français de 20 ans a aussi été blessé au thorax, "près du coeur", selon le procureur. Il est présenté comme "non-opérable". Enfin une Algérienne de 30 ans a reçu une balle dans la hanche.

Deux autres personnes ont été moins sérieusement touchées: il s'agit d'un Portugais de 19 ans, et d'un homme de 20 ans touché au thorax et au bras.

• Le lieu de la fusillade est un "point de deal"

Les tirs sont survenus à environ sept kilomètres de la frontière luxembourgeoise, en plein centre de Villerupt, une ville de 10.000 habitants, non loin d'un commissariat.

Le lieu des faits est aussi "un point de deal", selon des élus locaux, et ils pourraient donc être liés à des trafics de stupéfiants. En effet, sur place BFMTV a pu constater que le prix des stupéfiants est inscrit directement sur les murs.

"Malheureusement, on s'y attendait, (...) c'est un point de deal identifié depuis des années", a réagi ce lundi le maire PCF de Villerupt Pierrick Spizak a notre micro.

Au cours du week-end, plusieurs élus locaux ont assuré, comme Pierrick Spizak, qu'ils avaient réclamé des moyens sécuritaires supplémentaires face à l'amplification des trafics et des violences, notamment en lien avec la Belgique et le Luxembourg.

Le maire de la ville a d'ailleurs rappelé auprès de l'AFP que le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin s'était déplacé dans sa commune en mars 2021.

"Depuis, la situation a empiré concernant l'hôtel de police. Nous avons 79 agents hors personnel administratif, alors qu'il y a deux ans, le ministère de l'Intérieur devait monter les effectifs à 104, ce qui fait un différentiel de 25 agents", a décompté l'élu, craignant que les prochains grands événements sportifs organisés en France diminuent les effectifs locaux de police nationale.

Il a aussi indiqué qu'entre "11.000 et 12.000 plaintes" ne sont pas traitées actuellement "par manque de moyens". "Qu'est-ce qu'on peut faire? Une nouvelle visite ministérielle?", s'est-il interrogé.

Le 10 mai dernier, Gérald Darmanin a annoncé, lors d'un déplacement dans les Yvelines le déploiement de 500 policiers supplémentaires dans les villes de taille moyenne à partir de septembre prochain.

Article original publié sur BFMTV.com