Cinéma : « Showing Up » ou les affres d’une artiste au travail

Michelle Williams (à gauche) et Kelly Reichardt lors de la présentation de leur film, « Showing Up », au Festival de Cannes 2022.   - Credit:CHRISTOPHE SIMON / AFP
Michelle Williams (à gauche) et Kelly Reichardt lors de la présentation de leur film, « Showing Up », au Festival de Cannes 2022. - Credit:CHRISTOPHE SIMON / AFP

D'un côté, il y a Jo (Hong Chau), ses installations majestueuses que les galeristes s'arrachent, son aisance confondante en société, sa longue chevelure soyeuse. De l'autre, Lizzy (Michelle Williams), sa coupe courte, son air taiseux et ses statues de petites bonnes femmes colorées qui n'intéressent que quelques « happy few ». La réalisatrice Kelly Reichardt se place quelque part entre ces deux personnages de son nouveau film, Showing Up (en salle).

Cette enfant des années 1960, figure majeure du cinéma indépendant américain contemporain, connaît ces temps-ci un succès à faire pâlir d'envie toutes les Jo du monde : après un Léopard d'honneur au Festival de Locarno, elle a eu droit – l'an dernier – à une rétrospective intégrale au Centre Georges-Pompidou alors que sortait sur les écrans son First Cow, une somptueuse réinvention du western.

À LIRE AUSSI« First Cow » : l'incroyable histoire de la première vache qui arriva en AmériquePourtant, malgré tous ces succès, elle reste une cinéaste confidentielle, contrainte de travailler à l'économie, et c'est dans le sérieux de Lizzy, sa carapace de mauvaise humeur qui cache une sensibilité à fleur de peau, qu'elle a sans doute mis le plus d'elle-même.

« Faut-il vraiment passer par ces comparaisons ? » soupire la réalisatrice dans un hôtel parisien au lendemain d'une avant-première à laquelle assistaient Isabelle Huppert et Catherine Deneuve, toutes deux fans absolues de son œuvre. « Je ne voulais pas faire un autoport [...] Lire la suite