Cinéma – Luc Besson parmi les chiens

Douglas (Caleb Landry Jones), homme meurtri, trouve son salut dans la marginalité dans « Dogman ». - Credit:
Douglas (Caleb Landry Jones), homme meurtri, trouve son salut dans la marginalité dans « Dogman ». - Credit:

Qui est cet homme ensanglanté et déguisé en Marilyn Monroe ? Pourquoi conduit-il un camion dans lequel il transporte une meute de chiens ? Ses seuls amis, ses « bébés », avoue-t-il, hagard, au policier qui l’interroge. Comment en est-il arrivé là ? À une psychologue (Jojo T. Gibbs) il raconte sa vie, qui est un cauchemar éveillé. Celui d’un enfant martyr jeté aux chiens par son père, qui l’enferme dans une cage jour et nuit. Adulte, privé de l’usage de ses jambes, il est devenu ce rebelle en fauteuil roulant qui croit en Dieu, chante « La Foule » de Piaf dans un cabaret transformiste et vit de larcins à la tête de son gang canin.

Avec Dogman, Luc Besson opte pour le portrait très sombre d’un marginal (tel Léon/Jean Reno ou Lucy/Scarlett Johansson), porté par la performance de l’acteur et chanteur américain Caleb Landry Jones (primé à Cannes en 2021 pour Nitram), qui donne à son personnage ce qu’il faut de souffrance, de cynisme et de panache. Proche par moments du Joker incarné par Joaquin Phœnix, il est charmeur ou effrayant, suscite une sorte de malaise mais reste toujours attachant. Fidèle à son style lyrique, le réalisateur du Grand Bleu multiplie les images chocs et les retours en arrière, oscille entre l’action et l’émotion, filme de près son acteur, présent dans tous les plans. Les scènes de cabaret donnent le frisson, et les plans avec les chiens cambrioleurs, du dogue au jack russell, sont comiques. Comme il se doit chez Besson, il y a toujours de [...] Lire la suite