« La zone d’intérêt » : le film choc sur le commandant SS du camp d’Auschwitz-Birkenau, Rudolf Höss

Dans « Zone d’intérêt », derrière les barbelés, la vie de la famille du commandant d’Auschwitz-Birkenau s’écoule presque paisiblement. - Credit:
Dans « Zone d’intérêt », derrière les barbelés, la vie de la famille du commandant d’Auschwitz-Birkenau s’écoule presque paisiblement. - Credit:

Grand Prix du jury au dernier Festival de Cannes, ce film du Britannique Jonathan Glaser a fait l'effet d'un électrochoc. Tiré du roman de son compatriote Martin Amis, mort à 73 ans, deux jours avant sa présentation à Cannes, il nous fait vivre un cauchemar éveillé. L'histoire ? Le commandant SS du camp d'Auschwitz-Birkenau, Rudolf Höss, et sa famille mènent une vie paisible, à deux pas des fours crématoires, dans leur grande maison. Leur personnel est juif. Dès le générique, le ton est donné, glaçant comme cet écran noir qui semble nous avertir du pire. L'originalité du propos tient à suggérer les horreurs du camp en utilisant le procédé du hors-champ, un noir et blanc brillant, des plans filmés en infrarouge et une bande-son déroulée comme une longue plainte où s'entremêlent cris, pleurs et coups de feu. On ne voit jamais ce qui se passe derrière les barbelés, sinon la fumée, dans les airs, et le grondement continu de la mort industrielle. Pendant ce temps, les enfants Höss vont à l'école, leur mère plante des rosiers et leur père, bourreau scrupuleux, règle les détails de la « Solution finale », supervise les plans d'un nouveau four crématoire. Tout est banal, routinier, et d'autant plus effrayant. C'est l'effacement des frontières entre l'humain et l'inhumain, thème cher au cinéaste. « Dans La Zone d'intérêt, j'use de la satire quand je décris les nazis, c'est vrai, rappelait Martin Amis au Point. Mais le fond du livre est sérieux. Je pense qu'un écriv [...] Lire la suite