Ciivise : après le fiasco, quatre nouvelles personnalités nommées à la tête de la commission sur l’inceste

La ministre chargée de l’Enfance et des Familles Sarah El Haïry relance la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise).

VIOLENCES - « Une nouvelle ère s’ouvre pour la commission inceste. » C’est du moins ce que promet Sarah El Haïry. Dans une interview donnée au Figaro, la ministre déléguée chargée de l’Enfance et des Familles a annoncé relancer la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise).

Un « collège directeur » composé de quatre personnalités, deux femmes et deux hommes, va reprendre la présidence de la commission : Maryse Le Men Régnier, présidente de la Fédération France Victimes, Thierry Baubet, chef du service de psychopathologie de l’enfant à l’hôpital Avicenne (AP-HP), Solène Podevin, présidente de Face à l’inceste et l’ancien député (LREM) Bruno Questel. Cet élu avait pris la parole dans l’Hémicycle pour révéler qu’il avait, enfant, subi un viol. Son courage avait aussitôt été salué.

« Cette gouvernance collégiale témoigne de la nécessité, pour appréhender cette réalité douloureuse, mais aussi complexe et multiforme que constituent l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, de croiser les points de vue et de faire circuler la réflexion entre des compétences et expertises multiples et complémentaires », explique la ministre dans un communiqué.

Après la mise à l’écart du juge Édouard Durand et la démission des deux coprésidents lui ayant succédé, la mission de la Ciivise était en suspens depuis deux mois. En février, sa vice-présidente Caroline Rey-Salmon - visée par une plainte pour agression sexuelle- s’était mise en retrait, suivie dans la foulée de la démission de son nouveau président Sébastien Boueilh, s’estimant « la cible de calomnies et d’attaques personnelles ».

Pas de nouvelles réunions publiques de la Ciivise

Mais la commission devrait survivre aux crises successives. « Il n’a jamais été question d’arrêter les travaux malgré les turbulences », soutient la ministre dans Le Figaro, qui donne les grandes lignes de la nouvelle feuille de route de l’institution et rappelle que « le suivi des 82 recommandations du rapport de la Ciivise est toujours à l’ordre du jour ».

Elle veut mettre l’accent sur la formation des professionnels à recueillir la parole des victimes, ainsi que travailler sur leur parcours de reconstruction, qu’elle estime « trop long et trop cher ». « C’est une double peine. La Ciivise va travailler avec des médecins et des inspecteurs des affaires sociales, pour proposer un parcours de santé mieux construit, plus accessible », promet-elle.

S’il n’est pas question de reprendre les réunions publiques de la Ciivise, qui avaient permis à 30 000 personnes de témoigner, la ministre veut garder en tête le credo « On vous croit, on vous protège », cher au juge Édouard Durand. « Quand on ouvre les yeux, on réalise qu’il s’agit de l’affaire de tous. Les réunions publiques de la Ciivise ont permis de donner le courage de la révélation. Mais dire aux victimes : “Tu as parlé, c’est bien”, ce n’est plus suffisant », estime-t-elle.

Elle évoque notamment les personnes en situation de handicap, qui ne peuvent s’exprimer dans ce contexte, et rappelle que la ligne téléphonique d’écoute (au 0 805 802 804) est toujours ouverte.

À voir également sur Le HuffPost :

Judith Godrèche interpelle le Sénat avec des demandes concrètes pour la « famille incestueuse » du cinéma

#MeTooGarçons : pourquoi la libération de la parole des hommes sur les violences sexuelles est aussi compliquée

VIDÉO - Mai Lan Chapiron ("Le Loup") : "J’ai été victime d’inceste à l’âge de 7 ans"