CHRONIQUE. Tourisme, bons baisers d'une Terre réchauffée

Pour les chercheurs Céline Guivarch et Christophe Cassou, "il nous reste à inventer le tourisme d'un monde où nous aurons réussi à stabiliser le réchauffement global sous les 2 °C".

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°919, daté septembre 2023.

C'est la rentrée ! "Bonnes vacances ? Et tes prochaines ?" Ce temps de reprise est l'occasion d'interroger ici les liens entre tourisme et changement climatique. Ils vont dans les deux sens : le tourisme fait partie des premiers secteurs touchés (vagues de chaleur récurrentes rendant impossibles certaines activités extérieures, risques de feux de forêt accrus imposant des réglementations strictes dans l'accès aux principaux massifs forestiers pourtant havres de fraîcheur, activités aquatiques réduites par manque d'eau dans les rivières et les lacs, etc.) ; mais le tourisme contribue aussi fortement aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, à savoir 8 %.

Autant responsable que victime

Sur le seul territoire français, cela fait environ 50 millions de tonnes de CO2 - équivalent, soit un peu plus de 10 % du total des émissions
territoriales, auxquelles il faut ajouter 70 millions de tonnes correspondant aux transports internationaux des touristes venant de l'étranger en France. Le transport aérien représente 40 % du total, l'hébergement, les achats et la restauration 20 %.

Avec 7 % du PIB et 2 millions d'emplois, les conséquences du changement climatique affectent déjà et affecteront encore davantage un pan économique essentiel. Le tourisme est autant responsable que victime du changement climatique. Il nous reste à inventer le tourisme - plus local ? plus sobre ? - d'un monde où nous aurons réussi à stabiliser le réchauffement global sous les 2 °C. Des cobénéfices se trouveront dans la préservation de la biodiversité, mais aussi celle du patrimoine culturel et des paysages que le tourisme de masse d'aujourd'hui bafoue allègrement.

Par Céline Guivarch, directrice de recherche à l'École des ponts, auteure principale du 6e rapport du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), groupe 3. Et Christophe Cassou, directeur de recherche au CNRS, a[...]

Lire la suite sur sciencesetavenir.fr

A lire aussi