CHRONIQUE. Le changement climatique n'est pas une crise mais une trajectoire

"Durant la décennie 2030, la probabilité de connaître un été aussi chaud que 2022 doublera inéluctablement", préviennent dans leur chronique Céline Guivarch et Christophe Cassou.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°913, daté mars 2023.

L'été 2022 fut emblématique d'un climat qui dérive en raison de l'influence humaine : chaleurs extrêmes, sécheresse pluriannuelle, mortalité massive des arbres, incendies… et, à l'opposé, pluies diluviennes qui, en quelques heures, submergent des quartiers périphériques et saccagent les cultures.

Pour la plupart des décideurs et citoyens, ces symptômes du changement climatique semblaient inenvisageables aussi tôt dans le siècle. Et pourtant ! La probabilité de vivre en 2022 un tel été catastrophique n'était pas faible. Estimée à partir des projections climatiques évaluées par le Giec, on trouve une valeur proche de 1 sur 10, ce qui en fait un événement "rare" mais en aucun cas exceptionnel dans un climat déjà réchauffé de +1,7°C en moyenne en France.

Le niveau de préparation aux aléas climatiques est un choix politique

Durant la décennie 2030, la probabilité de connaître un été aussi chaud que 2022 doublera inéluctablement. Le changement climatique n'est pas une crise mais une trajectoire. On parle souvent de "niveau de réchauffement" (+1,5°C, +2°C, +3°C), indicateur pertinent pour les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Mais en matière de gestion des risques, il faut considérer l'ensemble du champ des possibles climatiques pour un niveau de réchauffement donné, afin de se préparer à des événements conséquents.

L'été 2022 a révélé le fossé entre l'adaptation mise en œuvre et celle qui serait nécessaire. Le niveau de préparation aux aléas climatiques, en présence de connaissances établies, évaluées, partagées, publiques, est un choix politique. L'été 2023 a une chance sur dix d'être plus chaud que l'été 2022. Serons-nous prêts ?

Par Céline Guivarch, directrice de recherche à l'École des ponts, auteure principale du 6e rapport du Giec, groupe 3. Et Christophe Cassou, directeur de recherche au CNRS, auteur principal du 6e rapport du Giec, groupe 1.

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