CHRONIQUE. En 2023, le seuil de 1,5 °C sera-t-il dépassé ?

Même s'il ne faut pas mettre en regard le chiffre de 1,5°C sur une année donnée avec les niveaux de réchauffement définis dans l'accord de Paris comme des moyennes sur plusieurs décennies, ce dépassement ponctuel n'est pas anodin.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°922, daté décembre 2023.

Le réchauffement planétaire franchira probablement 1,5 °C en 2023 ou en sera très proche. L'envolée du thermomètre s'explique par plusieurs facteurs.

Trois acteurs majeurs de variabilité interne

L'activité du Soleil est un peu plus intense, son cycle d'environ onze ans étant en phase croissante. L'éruption volcanique du Hunga Tonga booste un peu l'effet de serre naturel. Trois acteurs majeurs de variabilité interne - terme qui englobe l'ensemble des fluctuations spontanées du climat - jouent cette année.

Un événement El Niño s'est développé dans le Pacifique, conduisant à un dégagement de chaleur vers l'atmosphère. Dans l'Atlantique, des vents plus faibles diminuant l'évaporation en surface et une nébulosité réduite accentuant l'ensoleillement, en lien avec l'oscillation nord-atlantique qui pilote une grande part des fluctuations de l'anticyclone des Açores, ont induit une hausse nette de la température de surface. Et dans l'océan Austral, l'étendue très faible de la banquise hivernale amplifie les chaleurs locales.

Des coups toujours plus rudes aux écosystèmes

Mais sans le réchauffement anthropique, ces facteurs épisodiques ne peuvent expliquer à eux seuls ce record planétaire. Même s'il ne faut pas mettre en regard le chiffre de 1,5 °C sur une année donnée avec les niveaux de réchauffement définis dans l'accord de Paris comme des moyennes sur plusieurs décennies, ce dépassement ponctuel donne des coups toujours plus rudes aux écosystèmes et signe déjà, pour certains, des pertes irréversibles. Ne serions-nous pas dans un déni de vulnérabilité à ce climat qui change vite, très vite ?

Par Céline Guivarch, directrice de recherche à l'École des ponts, auteure principale du 6e rapport du Giec, groupe 3. Et Christophe Cassou, directeur de recherche au CNRS, auteur principal du 6e rapport du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), groupe 1.

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