Christoph Wiesner : « de l'importance du contrechamp en photo »

À la tête des Rencontres d’Arles depuis 2021, Christoph Wiesner affiche sa volonté de prendre le « pouls du monde » à travers la photo.
À la tête des Rencontres d’Arles depuis 2021, Christoph Wiesner affiche sa volonté de prendre le « pouls du monde » à travers la photo.

Longtemps à la tête de la galerie d'art Esther Schipper de Berlin, puis de Paris Photo, Christoph Wiesner a pris la direction des Rencontres d'Arles en 2021. Citant volontiers Pasolini et son célèbre article dit « des lucioles » (où l'auteur des Ragazzi actait la disparition des lueurs poétiques de la nature au profit d'un hédonisme marchand et d'une robotisation du pouvoir) ou les injonctions révoltées de la critique activiste et féministe Lucy Lippard, il envisage la photo comme un stétoscope susceptible de prendre « le pouls du monde. » Pour Le Point, partenaire des Rencontres depuis 2007, il nous détaille la programmation de l'édition 2022.

Le Point : C'est votre deuxième année à la tête des Rencontres de la photographie. Quels sont les axes de cet Arles 2022 ?

Christoph Wiesner : Il y en a deux. Le premier m'a toujours intéressé : le rapport de la photographie à la performance au sens large, illustré magistralement par le travail de Babette Mangolte, qui a documenté, dans les années 1970, la scène new-yorkaise de la danse, ou par celui de nombreuses femmes artistes, de Cindy Sherman à Martha Wilson, qui utilisent la photographie comme médium de revendication contre le culte de l'artiste forcément masculin. On le verra à travers l'exposition « Une avant-garde féministe », issue de la collection Verbund, basée en Autriche, et jamais présentée en France. Mais j'ai aussi envie qu'on puisse mettre ces positions politiquement engagées en regard avec un trava [...] Lire la suite