Christiane Taubira très émue dix ans après l’adoption du Mariage pour tous

L’ex-ministre de la Justice se rappelle des débats violents provoqués par le texte. Elle est au bord des larmes lorsque ses souvenirs refont surface.

« Si c’était à refaire, je le refais dix fois. » À l’occasion des dix ans de l’adoption du mariage pour tous, Christiane Taubira, ex-ministre de la Justice qui a porté cette loi sous François Hollande, est revenue pour l’INA sur ce tournant dans la société française. Un moment fort en émotions.

Dans une vidéo publiée ce dimanche 23 avril sur les réseaux sociaux, Christiane Taubira se rappelle « des insultes contre les enfants, des paroles extrêmement agressives et violentes de parlementaires contre les couples, contre les personnes homosexuelles ». Dans la rue comme dans l’hémicycle, l’ex-Garde des Sceaux se souvient de la « violence » des opposants au texte.

Dans cette interview, Christiane Taubira est replongée dix ans en arrière avec des extraits vidéos de la Manif’ pour tous et des débats véhéments à l’Assemblée. « C’est clairement de l’homophobie, ce sont clairement des paroles homophobes », s’indigne-t-elle en écoutant les propos des anti-mariage pour tous.

L’émotion prend le pas lorsque Claude Bartolone, alors président de l’Assemblée nationale, annonce les résultats du vote des députés le 23 avril 2013 : 331 pour, 225 contre. « C’est magnifique », se réjouit-elle encore aujourd’hui, un grand sourire aux lèvres et la main levée dans un signe de victoire.

« Un cri d’amour, une supplique »

« Le président Bartolone a été excellent d’un bout à l’autre (...). Les parlementaires de gauches ont été... » Elle ne peut terminer sa phrase. Ses yeux sont embués. Les larmes sont sur le point de couler. « Et bah... Je ne pensais pas que vous me feriez ça », elle-même surprise par l’émotion qui la submerge.

Quelques secondes plus tard, elle se revoit à la tribune lors de son discours marquant adressé aux adolescents homosexuels. « Si vous êtes pris de désespérance, balayez tout cela, ce sont des paroles qui vont s’envoler. Restez avec nous, gardez la tête haute. Vous n’avez rien à vous reprocher. Nous le disons haut et clair à voix puissante. Parce que comme disait Nietzsche : la vérité tue, celles que l’on tait deviennent vénéneuses », avait-elle déclaré.

« C’est un cri d’amour, une supplique », commente l’ancienne candidate à la présidentielle aujourd’hui. « Ne cédez pas, c’est passé, ça y est, vos droits sont reconnus, vos libertés sont établies. Ne cédez pas au désespoir, ne cédez pas, ne cédez pas aux insultes. C’est mon angoisse à ce moment-là, alors que c’est une victoire massive, que j’aurais dû m’en réjouir ! »

Christiane Taubira l’assure, dix ans après ce texte qui a profondément divisé les Français pendant des mois, elle ne regrette rien : « Se battre pour de belles causes, je considère que c’est un privilège. »

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