Les choix culture du « Point » : Noureev ou Damon Albarn, le retour de l'Opéra

Fatoumata Diawara au filage du « Vol du Boli », au théâtre du Châtelet le 26 septembre 2020.
Fatoumata Diawara au filage du « Vol du Boli », au théâtre du Châtelet le 26 septembre 2020.

L'envol du Boli au Châtelet

Fatoumata Diawara au filage du « Vol du Boli », au théâtre du Châtelet le 26 septembre 2020. © HELENE PAMBRUN

Pour trois soirs seulement, Covid oblige, sur la scène du Châtelet, musiciens, chanteurs, danseurs africains et européens déploient leurs talents pour conter une terrible histoire, et sans verser dans le sanglot, grâce aux inspirations croisées de Damon Albarn (Gorillaz) et d'Abderrahmane Sissako (Timbuktu), pour ne citer qu'eux : voici l'histoire du Boli, cet objet de culte chez les Bambaras de l'empire mandingue, visible notamment au Quai Branly parmi les chefs-d'?uvre africains, cet objet dont Michel Leiris, dans L'Afrique fantôme (à relire, Gallimard, coll. « Tel »), confesse, honteux, comment il le vola pour la mission Griaule, et le « vol » n'est pas un moindre mot à l'heure où la restitution des objets à l'Afrique fait tant débat. À partir de ce fil conducteur, les librettistes ont composé une série de tableaux magnifiques où passent les rois des empires africains déchus, les conquérants portugais, les esclaves enchaînés se jetant dans la mer plutôt que de perdre la liberté, cette mer-cimetière, qui parle si fort aujourd'hui, mais encore la colonisation, les tirailleurs sénégalais et jusqu'aux mines congolaises (un des moments les plus saisissants) comme une suite à l'exploitation du caoutchouc du temps de Léopold II? Faisant fi de la chronologie, ces scènes où les instruments (le ngoni, la kora), les voix (quand [...] Lire la suite