En Chine, plongée dans un marché aux intérimaires, où “les migrants ne sont pas en mesure de négocier”

Quatre heures et demie sonnent. Les premières lueurs du jour peinent à éclairer les ombres de Changhong, un quartier du nord de Canton [dans le sud-est de la Chine]. C’est l’heure à laquelle les travailleurs journaliers s’extirpent de leur chambre sombre louée 300 à 400 yuans par mois [environ 45 euros]. Il est temps pour eux de se rendre sur la place Nantian. Jusqu’à 5 h 30, c’est là que l’on vient recruter les ouvriers du bâtiment.

“Alors, où t’es allé faire fortune, hier ?” “J’ai pas arrêté ces deux derniers jours, je ne sens même plus mes bras !” C’est en échangeant ce genre de propos qu’une centaine de personnes rassemblées dans la partie sud de la place Nantian tuent le temps. “Hier, j’ai gagné 300 yuans [38 euros] aux paris hippiques. Tu joues le jour, tu joues la nuit, rien de tel pour devenir riche !” Par moments, certains regardent au loin, comme pour guetter l’arrivée d’un véhicule. “Laisse tomber, il n’y a plus de boulot nulle part !” La plupart des candidats portent déjà des casques de chantier, pour montrer qu’ils sont prêts à partir travailler.

5 heures, le départ pour les chantiers

Les marchés aux travailleurs journaliers dans l’agglomération de Canton, en Chine.. COURRIER INTERNATIONAL
Les marchés aux travailleurs journaliers dans l’agglomération de Canton, en Chine.. COURRIER INTERNATIONAL

En général, de l’autre côté de la rue, quelques individus observent cette foule. Ce sont les recruteurs. Dès qu’ils font leur apparition sur la place, ils sont assaillis de demandes sur le genre de travail proposé, le niveau de rémunération, la prise en charge des repas. Très vite, ils provoquent un bel attroupement. En l’occurrence, aujourd’hui, le recruteur est une recruteuse – une petite femme d’âge moyen, assez corpulente. Les journaliers la connaissent bien : c’est elle qui s’occupe du recrutement dans le bâtiment. “C’est pour le chantier de la gare de l’Ouest, à Canton, annonce-t-elle. Cent soixante yuans [20 euros] la journée, repas compris !”

Les conditions de travail sont énoncées ; celles et ceux qui sont prêts à la suivre se rassemblent autour d’elle, dans l’attente du car qui doit les conduire sur le site. Les portes du véhicule à peine ouvertes, tous se précipitent à l’intérieur. Dans la nuit noire, une cinquantaine d’ouvriers doivent être acheminés vers le chantier, situé à une dizaine de kilomètres.

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