En Chine, les militants #MeToo Wang Jianbing et Sophia Huang Xueqin condamnés à de la prison

En Chine, le militant #MeToo Wang Jianbing et la journaliste Sophia Huang Xueqin condamnés à de la prison. Photo d’illustration.
NOEL CELIS / AFP En Chine, le militant #MeToo Wang Jianbing et la journaliste Sophia Huang Xueqin condamnés à de la prison. Photo d’illustration.

INTERNATIONAL - Faire taire la parole. Le militant Wang Jianbing et la journaliste Sophia Huang Xueqin, qui ont tenté de lancer le mouvement #MeToo en Chine ont respectivement été condamnés ce vendredi 14 juin, à trois ans et demi et cinq ans de prison pour « incitation à la subversion de l’État », a annoncé le collectif qui les soutient.

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« Ces condamnations (...) auront un effet dissuasif supplémentaire sur les droits de l’homme et la défense sociale, dans un pays où les militants sont confrontés à une répression croissante de la part de l’État », a réagi Sarah Brooks, directrice pour la Chine de l’organisation, citée dans un communiqué.

« L’activisme #MeToo a donné du pouvoir aux rescapées de violences sexuelles dans le monde entier, mais ici, les autorités chinoises ont cherché à faire exactement le contraire en l’éliminant », a-t-elle ajouté, appelant à la libération « immédiate et sans condition », de Wang Jianbing et de Sophia Huang Xueqin. L’organisation de défense des droits Amnesty International dénonce par ailleurs des « condamnations malveillantes et totalement infondées ».

Une censure très réactive

Sophia Huang Xueqin a été poursuivie au tribunal de Canton pour avoir décrit sur les réseaux sociaux son expérience de harcèlement sexuel quand elle était jeune journaliste dans une agence de presse chinoise, à la suite du mouvement #MeToo, lancé en 2017 aux États-Unis. Lors de l’audience en septembre 2023, le procureur municipal avait accusé la journaliste et le militant Wang Jianbing d’avoir « organisé des réunions régulières à Canton » dans le but de saper l’autorité de l’État, selon le groupe de soutien.

La journaliste chinoise a également été accusée d’avoir « publié des articles et des discours déformés et provocateurs attaquant le gouvernement national sur les réseaux sociaux » et d’avoir « rassemblé des organisateurs à l’étranger pour participer à une formation en ligne sur des actions non-violentes ».

Le parquet reprochait à Wang Jianbing d’avoir publié « des articles et discours erronés attaquant le système politique et le gouvernement chinois » et d’avoir rejoint « des groupes (subversifs) en ligne à l’étranger », dont l’un commémorant la répression meurtrière des manifestations de la place Tiananmen en 1989, selon l’acte d’accusation présenté.

Si la journaliste, qui a écopé de cinq ans de prison compte faire appel, le militant syndical qui a lui écopé de trois ans et six mois d’emprisonnement ne s’est pas encore prononcé, a précisé le collectif, qui a publié des extraits du jugement sur le réseau social X.

Interrogé par l’AFP sur cette affaire, Lin Jian, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a répondu en assurant que « la Chine est un pays où règne l’État de droit, qui garantit les droits légitimes de chaque citoyen conformément à la loi ». Mais « toute personne qui enfreint la loi se verra infliger une sanction légale », a-t-il prévenu.

Une censure très réactive sur internet et les nombreux obstacles légaux auxquels se heurtent les plaignantes ont considérablement freiné le mouvement #MeToo en Chine, qui demeure un pays profondément patriarcal.

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