En Chine, des feuilles blanches brandies contre la politique zéro Covid

Une simple feuille de papier blanc sert désormais de porte-voix à la population chinoise opposée aux mesures très sévères de Pékin pour endiguer la pandémie de Covid-19.

CHINE - Une feuille blanche qui en dit long. À l’heure où la gronde contre les autorités chinoises semble prendre une nouvelle ampleur, en réaction à la politique « zéro Covid » draconienne du pays, un nouveau symbole de contestation émerge.

Ce symbole, c’est une simple feuille blanche, sans la moindre inscription ou message revendicatif de la part de ces Chinois épuisés par les règles drastiques mises en place en Chine pour endiguer le virus du Covid-19, au rythme de confinements à rallonge, de quarantaines strictes et de tests PCR quotidiens pour accéder à l’espace public.

Ce nouveau phénomène, déjà aperçu cette année en Russie, ou en 2020 à Hong-Kong, a été particulièrement suivi en Chine depuis l’incendie d’un immeuble à Urumqi jeudi, provoquant la mort de 10 personnes. Une ville de l’extrême ouest du pays, où la fuite des résidents de cet immeuble pourrait avoir été empêchée par les mesures de restrictions dues au Covid-19, empêchant également l’arrivée des secours sur place.

Pied de nez aux autorités

Lors de multiples veillées funéraires à travers le pays, ce même symbole pacifique et silencieux semble donc s’être répandu comme une trainée de poudre. Une pratique de contestation rare par son ampleur, tant les mouvements de dissidence en réaction aux décisions de Pékin sont devenus rares sous les différents mandats de Xi Jinping.

Cette feuille blanche est aussi très symbolique quand on connaît le niveau de censure du régime chinois. Un pied de nez désormais répandu chez les manifestants, comme à Pékin, Shanghai ou Nanjing. Notamment chez les étudiants qui ont largement adopté cette technique pour éviter la censure de slogan tels que « Xi Jinping, démission ! ».

Une manière de provoquer les autorités, comme le souligne également ce correspondant de la BBC en Chine : « C’est aussi une réponse aux autorités, comme pour dire : Allez-vous m’arrêter pour avoir tenu une pancarte ne disant rien ? ».

Même ceux qui n’ont pas de feuilles blanches ont trouvé la parade : faire semblant de brandir une pancarte dans le vide. D’autres ont brûlé leur feuille blanche après l’avoir brandi, comme vous pouvez le constater ci-dessous.

Avec cette feuille vierge lourde de sens, les protestataires chinois évitent également la censure sur les réseaux sociaux nationaux, comme Weibo, où les rares hashtags en lien avec les manifestations sont supprimés par Pékin. Même chose pour les vidéos sensibles de manifestants, effacées sur les sites de partage de vidéos comme Duoyin et Kuaishou, comme le rappelle l’AFP.

VIDÉO - Chine : excédés par la politique "zéro Covid" du gouvernement, les habitants se révoltent

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