Ces chiens que vous trouvez si mignons, mais qui en souffrent toute leur vie

ANIMAUX - Un museau trop aplati, des pattes minuscules ou une peau toute plissée : sur les chiens de TikTok, ça nous fait craquer. « Tout ce qui est juvénile, qui ressemble à un chiot, en tant qu’humain on trouve ça plus mignon », explique au HuffPost Hela Rokbani, vétérinaire à la SPA. Sauf qu’en réalité, ces traits peuvent être les signes d’un chien « hypertypé », et lui causer de nombreux soucis de santé.

Un animal hypertypé, c’est un chat, un chien ou encore une vache qui possède des traits morphologiques ou comportementaux extrêmes par rapport à ce qui est « normal » pour sa race. Et ces caractéristiques, accentuées par la sélection génétique, peuvent aboutir à de graves pathologies, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo ci-dessus.

Les plis excessifs, que l’on retrouve chez le sharpeï hypertypé, peuvent causer des inflammations de la peau. Pour les teckels et les bassets aux pattes trop courtes, des maux de dos sont à la clé. Et les adorables carlins peuvent souffrir de soucis respiratoires à cause de leur museau très court. « C’est tellement handicapant qu’il existe des chirurgies réparatrices pour les aider à respirer », précise Hela Rokbani.

Les chiens hypertypés ont aussi plus de risques d’être abandonnés. « À la SPA, on a pas mal de bouledogues anglais abandonnés à cause des difficultés de prise en charge », regrette Hela. « C’est une spirale infernale, » ajoute Gilles Chaudieu, vétérinaire ophtalmologiste et trésorier de l’association Française des Vétérinaires pour Animaux de Compagnie (AFVAC) . « Les propriétaires se retrouvent embarqués dans des traitements médicaux ou chirurgicaux avec le coût qu’il faut assumer ». Alors comment en est-on arrivé là ?

Une « maltraitance programmée »

« À l’origine, les chiens ont été sélectionnés pour des fonctions de travail, comme l’aide à ramener les troupeaux ou la chasse », explique Benoît Hédan, vétérinaire et ingénieur de recherche à l’équipe de génétique du chien au CNRS. « Mais au fur et à mesure, il y a eu plus d’effets de mode avec des sélections plus basées sur des critères de beauté que de travail, et donc des modes d’hypertype ».

Une sélection qui est facilitée par le fait que les caractères se fixent très vite chez le chien. « En trois générations, on est capable de modifier une morphologie », rappelle Gilles Chaudieu. « Lorsqu’on sélectionne des chiens qui sont incapables de vivre une vie normale, en voulant produire un type morphologique dont on sait qu’il va être générateur de problèmes, c’est une maltraitance programmée. »

L’AFVAC rappelle que le phénomène des hypertypes s’est accentué lors de ces dernières décennies, alimenté notamment et par « la demande du grand public » et « l’engouement que suscitent ces animaux dans les médias ».

Pour lutter contre ce cercle vicieux, les vétérinaires de l’AFVAC recommandent entre autres de considérer l’hypertype comme une erreur de sélection, et de ne pas récompenser des animaux hypertypés lors de compétitions. « Maintenant, les clubs éleveurs sont plus au fait de cette problématique et font attention », estime Benoît Hédan, « mais il faut que les propriétaires s’informent des problématiques de la race associées à un hypertype ».

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