Chien renifleur, paravent et sourire aux lèvres: comment le procès de Rédoine Faïd a démarré

Chien renifleur, paravent et sourire aux lèvres: comment le procès de Rédoine Faïd a démarré

La dernière apparition publique de Rédoine Faïd remonte à 2010. Treize années se sont écoulées depuis les interviews sur les plateaux télé pour la promotion de son livre, treize années passées depuis en grande partie en détention, et l'homme a à peine vieilli. Crâne rasé, barbe naissante, t-shirt vert sapin, le braqueur multirécidiviste âgé aujourd'hui de 51 ans est apparu sourire aux lèvres dans le box des accusés de la cour d'assises de Paris.

Avec 30 minutes de retard sur l'horaire annoncé ce mardi matin, la cour s'est installée dans la salle "grand procès" du tribunal de Paris - conçue à l'origine pour juger les attentats du 13-Novembre - appelant à faire entrer les accusés jugés pour l'évasion du centre pénitentiaire de Réau le 1er juillet 2018 et la cavale de trois mois qui s'en est suivie.

Sous haute surveillance, Rédoine Faïd est le premier à faire son entrée. Son frère aîné Rachid, suspecté d'être l'organisateur de cette évasion, le suit. Les deux s'échangent quelques mots. Après ses deux frères Rachid et Brahim et son neveu Liazid, même crâne rasé et sourcils garnis, d'une voix mal assurée, le braqueur est invité à décliner son identité puis sa date et son lieu de naissance. "Articulez, parlez pas trop vite", lui conseille la présidente de la cour d'assises.

Un détenu qui s'entretient

Rédoine Faïd, arrivé au tribunal escorté par le GIGN, ne semble pas affecté, physiquement du moins, par ses dix années à l'isolement. L'homme fait du sport régulièrement, il refuse tout médicament, lit, se cultive. Cette première journée d'audience est surtout pour lui l'occasion d'avoir des échanges, lui qui ne bénéficie de parloirs qu'avec un hygiaphone empêchant tout contact physique. Leurs avocats demandent à la cour si les deux frères peuvent se serrer la main.

L'accusé sourit, parle, beaucoup pendant les suspensions d'audience, avec ses avocats, avec son frère Rachid, âgé de 65 ans. Il règnerait d'ailleurs presqu'une atmosphère de retrouvailles alors que deux des frères du braqueur de 51 ans et trois de ses neveux comparaissent pour leur participation ou leur aide pour cette évasion et cette cavale.

Mesures de sécurité

Pour le procès de celui qui est surnommé "le roi de la belle", la sécurité a été renforcée, et en premier lieu devant les grilles du palais de justice. Pour pénétrer dans la zone de la salle d'audience, le public doit passer par des portiques et détecteurs à métaux. Des brouilleurs de téléphones portables ont été installés. Avant le début de l'audience, un chien renifleur a vérifié l'intégralité de la salle d'audience.

À l'ouverture des débats, une quinzaine de gendarmes ont patrouillé dans la salle, avec un vigilance extrême. Quand l'un des accusés se lève inopinément pour se plaindre que son fils, installé dans le public, doit changer de place, les forces de l'ordre se rassemblent, sur le qui vive. Un paravent a également été installé pour empêcher le public de voir l'un des accusés qui comparaît sous contrôle judiciaire, et ayant bénéficié du statut de repenti.

De telles mesures de sécurité ne sont pas sans conséquences. Quand les quatre autres accusés qui comparaissent également détenus arrivent ensuite au compte-goutte dans le box, un à un, les gendarmes leur retirent les menottes. La présidente de la cour d'assises leur intime d'être "un peu plus rapide". Les débats vont être longs, le procès doit en effet durer jusqu'au 20 octobre.

Article original publié sur BFMTV.com