Chez Vertbaudet, le sort des grévistes inquiète ces élus

Pourquoi ces élus s’inquiètent du sort des grévistes de Vertbaudet (photo prise le 16 mai à Marquette-lez-Lille).
Pourquoi ces élus s’inquiètent du sort des grévistes de Vertbaudet (photo prise le 16 mai à Marquette-lez-Lille).

POLITIQUE - Le sujet va s’inviter à la table de Matignon. La secrétaire générale de la CGT Sophie Binet compte demander à Élisabeth Borne d’intervenir dans le dossier « Vertbaudet » lors de son entretien rue de Varenne ce mardi 17 mai en fin d’après-midi.

« Je vais commencer par lui parler d’un sujet qui n’était prévu. Je vais lui parler des 80 ouvrières de Vertbaudet qui sont en grève depuis deux mois pour demander des augmentations de salaire. Non seulement le patron refuse de négocier, mais en plus le préfet vient de leur envoyer les CRS », a-t-elle ainsi expliqué sur France Inter, comme vous pouvez le voir ci-dessous (à partir de 0’40), en évoquant une « gréviste qui a fini aux urgences » et « plusieurs » gardes à vue.

Comme elle, nombreux sont les élus de gauche à apporter leur soutien aux salariés en lutte de l’enseigne de puériculture et à s’inquiéter du sort de ceux à qui l’on promet des sanctions. « Les salariés de Vertbaudet subissent répression policière et menaces de licenciement. L’un d’entre eux a été violemment molesté. Leur droit de grève est menacé », écrit par exemple la cheffe de file des députés insoumis Mathilde Panot sur les réseaux sociaux, appelant à ce que cesse « cette brutalité ».

Le piquet de grève installé devant les entrepôts de Vertbaudet à Marquette-lez-Lille, dans le Nord, a été démantelé par les forces de l’ordre lundi. L’entreprise « a demandé le concours de la force publique » pour « procéder à l’expulsion de tout occupant illicite de son site », s’est justifié la préfecture du Nord dans un communiqué.

Elle a mis en cause « de nombreux et graves troubles à l’ordre public » qui ont « été constatés ces derniers jours, mettant en danger l’intégrité physique des personnes présentes sur le site, notamment les centaines de salariés y travaillant ». La préfecture cite notamment l’« incendie volontaire d’un poste électrique ».

La CGT du Nord dépose plainte

Dans le même temps, Vertbaudet a confirmé que six salariés avaient été convoqués par un courrier reçu mardi à un « entretien en vue de sanction, pouvant aller jusqu’au licenciement ». « Ces six personnes ont participé à des faits de blocage illégaux », a-t-elle ajouté dans un communiqué.

De son côté, la CGT locale dénonce les violences des forces de l’ordre à l’égard des grévistes. Selon France 3 Hauts-de-France, l’union départementale de la CGT du Nord a même déposé plainte après l’arrestation de deux syndicalistes lundi.

Enfin, dans un communiqué récent, la CGT Vertbaudet relate une « arrestation caractérisée » et violente de leur délégué syndical par des policiers en civil. Un texte relayé par plusieurs personnalités politiques, comme sur les réseaux sociaux par le chef de file insoumis Jean-Luc Mélenchon et l’adjoint (PCF) à la mairie de Paris Ian Brossat, ou dans les médias par le député LFI François Ruffin.

« Le délégué CGT de Vertbaudet a été agressé devant chez lui, molesté, gazé, par des gens qui se sont prétendus de la police », a ainsi relevé l’élu de la Somme ce mercredi sur France 2. Contactée par l’antenne locale de France 3, la préfecture du Nord ne s’est pas exprimée sur ces événements.

Dans ce contexte, Sophie Binet veut demander à Élisabeth Borne « de cesser toutes les poursuites contre les grévistes » et l’ouverture d’une « médiation nationale » avec la direction du groupe Vertbaudet. « Cette situation illustre malheureusement la situation salariale en France », estime-t-elle.

Environ 80 salariés de l’entrepôt, majoritairement des femmes, sont en grève depuis le 20 mars à l’appel de la CGT, minoritaire dans l’entreprise, pour des augmentations salariales. Ils demandent « le minimum, 150 euros net par mois pour nous permettre de ne pas survivre, mais de vivre correctement », selon le témoignage d’une des grévistes à l’AFP.

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