"Chez nous" : pourquoi le film de Lucas Belvaux met le FN en rogne ?

Depuis des semaines, le Front National est en pétard. En effet, dans son dernier film, Chez nous, le belge Lucas Belvaux s’inspire très fortement du parti pour conter l’histoire d’une jeune mère de famille utilisée à des fins politiques. Avant même d’avoir vu le long-métrage, les équipes de Marine le Pen criaient au scandale. Yahoo a vu le long-métrage, très réussi, et vous explique ce qui, après visionnage, pourrait chiffonner les cadres et sympathisants du FN.

Emilie Dequenne, héroïne de “Chez nous” en campagne politique avec un clone de Marine Le Pen.<br>Copyright : Jean Claude LOTHER – Synecdoche Artémis Productions
Emilie Dequenne, héroïne de “Chez nous” en campagne politique avec un clone de Marine Le Pen.
Copyright : Jean Claude LOTHER – Synecdoche Artémis Productions

> Parce qu’il dénonce la manipulation
Tout commence avec l’histoire. Dans Chez nous, Emilie Dequenne campe une infirmière, divorcée, mère de famille qui, aimée de tous dans sa ville, devient la candidate idéale aux municipales sur la liste du parti d’extrême droite. Lequel fera la danse du ventre à la trentenaire, fille de communiste mais apolitique, pour la convaincre de s’engager avec eux. Dévouée à ses patients, révoltée par les injustices sociales, cette maman se laissera séduire par le discours égalitaire des élus supérieurs, passés maîtres dans l’art du mensonge et de la manipulation affective. Persuadée de pouvoir changer le monde positivement avec eux, cette petite Française parfaite ne deviendra pourtant qu’une ‘tête de gondole” capable sur son seul minois et sa situation socio-familiale de casser l’image facho d’un parti décidant tout pour elle, même sa couleur de cheveux.

La catchline d’André Dussollier, ici toubib et cadre du parti : “Je ne suis ni de droite, ni de gauche, c’est la France et les Français qui m’intéressent.”

> Parce qu’il reprend les codes du FN
Out Hénin- Beaumont, le Front National et Marine le Pen. Place à Agnès Dorgelle, le Rassemblement Populaire et Hénart dans Chez nous qui a sans aucun doute utilisé le parti historique d’extrême droite français comme référence. Non seulement dans les programmes évoqués, dans le marketing politique, mais aussi dans le passé de cet homologue politique fictif qui, pour redorer son blason, envoie valser ses anciens partisans skinheads et néo-fascistes. Lesquels, autrefois forces vives du clan, sont devenus persona non grata, à l’image du personnage incarné par Guillaume Gouix qui séduira l’infirmière.

L’hypocrisie du parti en une phrase : “Changer de stratégie, ce n’est pas changer d’objectif”

> Parce qu’il allume Marine Le Pen

Catherine Jacob, très inspirée de Marine Le Pen dans “Chez nous”.<br> Copyright : Jean Claude LOTHER – Synecdoche Artémis Productions
Catherine Jacob, très inspirée de Marine Le Pen dans “Chez nous”.
Copyright : Jean Claude LOTHER – Synecdoche Artémis Productions

Chevelure blonde coupée au carré, brutalité des mots, phrasé et sourires pincés : Catherine Jacob s’est clairement inspirée de la Marine Le Pen publique, telle qu’on la connaît dans les médias, pour incarner son personnage de tête de parti dans Chez nous. Laquelle fera tout pour se débarrasser de l’étiquette qui colle à son camp et ainsi tenter de gagner une certaine respectabilité et des voix. Cela ne vous rappelle rien ?

Ses catchlines : “Moi, je ne suis pas raciste, c’est mon nom qui l’est. et “Je fais de la politique, pas du sentiment.”

> Parce qu’il reprend l’idéologie du parti
Jouer sur la peur des gens, instrumentaliser n’importe quel fait divers à des fins politiques (en insistant sur les gamins des cités responsables des cambriolages), clamer son amour de la France et des Français, rejeter la technocratie (malgré leurs origines) et flatter la France ouvrière, allumer l’islam dans les meetings devant une foule passionnée scandant le slogan “on est chez nous” : c’est tout un programme pour une France “bien de chez nous” que propose le parti d’extrême droite du film. Toute ressemblance avec des personnalités existantes ne serait absolument pas fortuite…

L’idéologie en une phrase : ” N’utilisez pas de termes racistes. il y a des micros partout. Mais dîtes terroristes, racailles et djihadistes” ou “On ne peut plus payer pour toute la misère du monde. mais personne ne l’assume.”