Chez les cadres, l’expatriation ne fait plus recette
Il y a quelques années, obtenir un poste d’expatrié au sein d’une grande entreprise était prisé car cela se traduisait par une prime importante ainsi qu’une allocation pour le logement et, souvent, la prise en charge de la scolarité (privée) des enfants, ainsi qu’un grand nombre d’avantages matériels, se souvient Pilita Clark dans le Financial Times. D’après une enquête mondiale du Boston Consulting Group, 78 % des 150 000 salariés interrogés se disaient prêts à s’expatrier en 2018 mais cette proportion est tombée à 63 % en 2023. Entre-temps, la pandémie a profondément redéfini notre rapport au travail et, selon la coautrice de l’enquête, Orsolya Kovács-Ondrejkovic, “cela pourrait être dû au fait que le monde devient moins ouvert alors que le travail est de plus en plus mondialisé”.
D’autre part, les très généreux packages d’expats se sont fait plus rares. “Les experts en délocalisation d’entreprises me disent qu’ils diminuent dans de nombreuses entreprises”, note Pilita Clark. D’après elle, cela s’explique par “la montée en puissance des femmes dans le monde professionnel, qui gagnent parfois plus que leurs partenaires”. En effet, dans ces conditions, il devient absurde de renoncer à un deuxième salaire pour s’expatrier, malgré des compensations financières “surtout s’il faut également supporter l’air étouffant de Delhi ou le taux de criminalité de Tijuana”.
La pandémie est venue accentuer ce désintérêt pour l’expatriation. D’après Caitlin Pyett, consultante au sein du groupe Crown World Mobility, qui travaille dans le secteur de la relocalisation depuis près de trente ans, 2023 a marqué un tournant et ses clients, tous secteurs confondus, n’arrivaient plus à convaincre leurs cadres de partir à l’étranger.
“C’était inattendu à une époque où la pandémie avait déclenché une explosion de nomades numériques globe-trotteurs, souvent dans la vingtaine, qui semblaient représenter l’orientation future du travail.”
Cette évolution concerne en fait plutôt les quadragénaires qui ont changé de façon de travailler pendant le confinement. Par ailleurs, “des événements tels que le Brexit et les conflits géopolitiques ont rendu plus difficile la mobilité physique à l’étranger, tandis que la croissance du télétravail a rendu plus facile de rester dans son pays”, selon le quotidien britannique.
[...] Lire la suite sur Courrier international