Des chercheurs disent avoir trouvé une pyramide humaine vieille de 27 000 ans, et provoquent un tollé
ARCHÉOLOGIE - C’est un article qui a fait l’effet d’une bombe dans le monde archéologique. Une étude publiée le 20 octobre dernier expliquait que le site indonésien de Gunung Padang était une pyramide construite il y a 27 000 ans. Ce serait donc la plus vieille pyramide au monde, plus vieille encore que les pyramides égyptiennes de Gizeh datant d’il y a 4 500 ans.
L’étude affirme également que le site archéologique indonésien « met en lumière les capacités d’ingénierie des civilisations anciennes au cours de l’ère paléolithique ». Et c’est justement cette citation qui pose problème, comme souligne cet article de Nature, puisqu’à cette époque nommée le Paléolithique (entre 2,8 millions et 10 000 ans avant JC), les humains étaient des chasseurs-cueilleurs. On est donc loin des capacités nécessaires à la construction de pyramide.
Ce que dit l’étude
Pour en arriver à ces affirmations, l’équipe de chercheurs indonésienne a utilisé plusieurs techniques de pénétration du sol. Ils en ont conclu qu’il y avait 4 couches, représentant chacune des phases distinctes de construction. La plus ancienne aurait été « sculptée » sur une couche de lave durcie, la couche suivante remonterait entre 27 000 et 16 000 ans en arrière, la troisième il y a 8 000 à 7 500 ans et la dernière qui représente la couchée visible encore aujourd’hui daterait d’il y a 4 000 à 3 100 ans, comme vous pouvez le voir dans le schéma ci-dessous.
Pour Danny Hilman Natawidjaja, auteur principal de cette étude controversée, la manière dont sont sculptées les roches rectangulaires qui auraient permis de faire cette « pyramide » est la preuve que celle-ci ne s’est pas faite naturellement. Une affirmation mise en avant dans la série documentaire de Netflix « À l’aube de notre histoire » qui est loin de faire l’unanimité au sein de la communauté scientifique.
Ce que disent les archéologues
Si les archéologues ne remettent pas en cause les datations des prélèvements du sol réalisées par l’équipe de Danny Hilman Natawidjaja, ils mettent en garde contre les conclusions hatives du chercheur. En effet, aucune preuve suffisante n’a été apportée pour affirmer que ce site avait été construit par des hommes.
Interrogé par Nature, l’archéologue Bill Farley de la Southern Connecticut State University déclare que « les échantillons de sol de Gunung Padang, vieux de 27 000 ans, bien que datés avec précision, ne portent aucune marque d’activité humaine, comme du charbon de bois ou des fragments d’os ».
En attendant que le débat soit tranché, la revue Archaeological Prospection dans laquelle a été publiée l’étude, et sa maison d’édition Wiley, ont ouvert une enquête. Contactée par Nature, Eileen Ernenwein, géophysicienne archéologique à l’Université d’État du Tennessee et co-rédactrice en chef de la revue, a déclaré dans un e-mail : « Les rédacteurs, moi-même compris, et l’équipe d’éthique de Wiley étudient actuellement cet article conformément aux lignes directrices du Comité d’éthique des publications ». Celle-ci a toutefois refusé de préciser les raisons menant à cette enquête.
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