«Mon Cher Enfant», le choix désarme

Riadh et Sami (Mohamed Dhrif et Zakaria Ben Ayyed), père et fils bientôt séparés.

Avec douceur, Mohamed Ben Attia dépeint l’explosion d’une famille dont le fils part en Syrie la veille du bac.

«Ce n’est qu’un an», entend-on à plusieurs reprises dans la bouche des personnages de Mon Cher Enfant, deuxième long métrage du Tunisien Mohamed Ben Attia, coproduit par les frères Dardenne, après le prometteur Hedi - qui décrivait, lorgnée par les lézardes d’une histoire d’amour, quelque chose comme la retombée du souffle d’espoir soulevé par la révolution de jasmin en 2011.

Eclipses. «Un an», qu’est-ce que c’est ? Le temps d’un dernier effort, d’ultimes sacrifices avant de passer son bac et d’emprunter les rails d’un avenir radieux, si l’on en croit les parents du jeune Sami - ce serait donc là que tout se joue. Et ce n’est rien, à entendre le psychiatre qui suit le garçon, à l’heure d’imaginer l’hypothèse d’un redoublement. Un an, c’est aussi peu ou prou le temps que couvre la course elliptique du récit, qui suffit à décrire l’anéantissement de tout à force de petits riens captés par une caméra portée et pétrie d’attentions : comment une famille ordinaire, aimable et aimante, se disloque pan par pan sans qu’on l’ait vu venir. Et pourtant, le film n’avait eu de cesse de nous alerter, égrenant les éclipses littérales ou figurées du fils, comme autant de présages de son évaporation tragique. Comme pour préparer ses parents trop anxieux, trop protecteurs, au vertige de l’absence.

Sami, donc, joli garçon au regard triste et creux, souffre de migraines terribles, de dépression, ou du trop-plein de prévenances dont le couvent son père et sa mère. Des parents si bienveillants et soucieux à la fois à l’endroit de l’avenir de leur unique enfant qu’ils étouffent peut-être sa capacité à se projeter dans le futur qu’ils lui rêvent, fantasmé sans lui demander son avis sur le modèle de la plénitude de leur vie de famille, vécue comme telle malgré un relatif isolement et des soucis d’argent - proche de la retraite, Riadh travaille au port voisin, à la présence comme (...)

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