Chenille processionnaire : 7 choses à savoir sur cet insecte dangereux qui prolifère

Elle se répand rapidement en métropole à cause du réchauffement climatique. Dangereuse pour l'animal, elle peut l'être pour l'Homme et nécessite une vigilance accrue.

Une chenille processionnaire, photographiée à 70 km à l'ouest de Paris (Photo Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP)
Une chenille processionnaire, photographiée à 70 km à l'ouest de Paris (Photo Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP)

Originaire des forêts du Sud-Est de la France, la chenille processionnaire ne cesse de gagner du terrain vers le Nord année après année, à la faveur du réchauffement climatique.

Chaque année après l'hiver, avec le radoucissement des températures, les autorités mettent en garde les promeneurs sur le comportement à adopter, face à cette espèce qui peut être dangereuse pour les animaux, mais aussi pour l'Homme. Mi-février dans l'Hérault, une promeneuse raconte à Midi Libre avoir été prises de difficultés respiratoires, nasales et occulaires, tandis que ses chiens se sont mis à vomir. En cause, des chenilles processionnaires du pin.

Depuis le 25 avril 2022, les chenilles processionnaires sont inscrites à la liste des espèces dont la prolifération est nuisible pour la santé humaine

Qu'est-ce qu'une chenille processionnaire ?

Comme toutes les chenilles, elles se transforment en papillon une fois qu'elles ont atteint l'âge adulte. À l'état de chenille, leur corps peut atteindre jusqu'à 4 centimètres de long. Il en existe deux types : la chenille processionnaire du pin urticante de l'automne jusqu'au printemps, qui se nourrit des aiguilles de pins, ce qui affaiblit l'arbre et peut faciliter l'arrivée d'autres parasites. Elle est présente sur les trois-quarts sud du territoire français et son front de migration remonte chaque année de quelques kilomètres.

Les chenilles processionnaires du chêne, elles, se nourrissent de l'arbre éponyme, et sont urticantes du printemps jusqu'au début de l'été. Elle sont essentiellement retrouvées sur le quart nord-est de la France par foyers restreints.

Si toutes deux s'appellent processionnaires car elles se déplacent en file indienne, la chenille processionnaire du chêne reste dans l'arbre où elle forme de grands cocons blancs et ne descend au sol qu'accidentellement, ne représentant donc qu'un danger moindre. À l'inverse, la chenille processionnaire du pin se déplace au sol où elle s'enfouit en attendant la transformation en papillon. Sa présence au sol rend plus élevé le risque pour l'Homme et l'animal.

Pourquoi les autorités mettent en garde contre ces chenilles ?

Les chenilles processionnaires savent se défendre. Lorsqu'elles se sentent menacées, elles projettent en l'air les micro-poils qui garnissent leurs dos. Ces poils, composés de dards, libèrent une toxine urticante et allergisante. Les poils, qui entrainent une sensation de démangeaison, incitent à se gratter, ce qui libère alors la toxine, rappelle le préfet du Var, département particulièrement touché.

L'Homme, et surtout l'enfant en bas âge sont particulièrement exposés, avec dans la plupart des cas, des boutons durant deux ou trois jours. Mais dans le cas où un enfant en bas âge aurait porté une chenille à la bouche, il est important de consulter immédiatement le service des urgences.

Mais les animaux sont aussi particulièrement exposés, tout particulièrement à la chenille processionnaire du pin, qui se trouve au sol. Les conséquences peuvent alors être dramatiques : perte de la langue pouvant entraîner la mort par impossibilité de s’alimenter, ou de l'oeil, par nécrose, met en garde le préfet du Var.

Comment se protéger des chenilles processionnaires ?

Pour limiter au maximum les risques liés aux chenilles processionnaires, les autorités ont émis plusieurs recommandations. Tout d'abord, d'éviter la fréquentation des zones à proximité des pins infestés, ou de porter des vêtements couvrants si l’on se rend malgré tout dans ces zones.

Autre recommandation évidente, ne pas manipuler les chenilles et les nids, ou ne pas se frotter les yeux si vous avez été exposés à des chenilles urticantes.

Si vous apercevez une procession de chenille, mieux vaut ne pas les toucher, même avec un objet au risque de libérer un nuage de poils urticants. Enfin, il est également recommandé de ne pas faire sécher le linge à l’extérieur près des pins par grand vent, ou encore d'éviter de tondre les pelouses sous les arbres infestés, ce qui pourrait aussi libérer les toxines.

Comment les repérer ?

Dans les arbres, les chenilles processionnaires forment d'immenses cocons blancs aux extrémités des branches, cocons dans lesquelles elles peuvent être des centaines, comme le montre le tweet ci-dessous. Leur destruction peut entraîner la libération de leur poils urticants, ce qui explique pourquoi certains promeneurs peuvent être piqués sans avoir été en contacts avec ces chenilles.

Au sol ou sur un tronc, elles se déplacent systématiquement en procession, formant une longue file indienne. La processionnaire du pin, très velue est brune noirâtre, avec des tâches rougeâtres. La processionnaire du chêne est elle aussi très velue, mais est jaunâtre avec une ligne foncée sur le dos, ce qui lui donne un aspect plutôt gris argenté.

Que faire en cas de contact avec des chenilles processionnaires ?

Si malgré toutes ces précautions, vous pensez avoir été en contact avec des chenilles processionnaires ou avec leurs poils, il est recommandé de prendre une douche tiède avec un lavage soigneux des cheveux au shampoing, les poils se fixant notamment sur les cheveux, mais aussi de changer de vêtements et de laver au dessus de 60°C, afin d'éliminer tous les poils qui peuvent être fixés sur les vêtements.

Selon un rapport publié par l'Anses en juin 2020, 96,3% des cas d'exposition aux poils des chenilles processionnaires ont développé des problématiques de "gravité faible". Dans 0,2% des cas, les spécialistes ont observé des maux de "gravité forte", de quoi relativiser sur l'inquiétude. Mais en cas d'atteinte à l'oeil, ou chez des personnes fragiles ou ayant des antécédents allergiques importants, la piqûre peut aller jusqu'au choc anaphylactique.

Pour les animaux, le Conseil régional de l’ordre des vétérinaires Paca-Corse recommande d’éviter de frotter mais laver à grande eau l'animal s'il a été en contact avec une chenille processionnaire. En cas de piqure, contacter son vétérinaire rapidement pour mettre en place un traitement.

Comment lutter contre la propagation des chenilles processionnaires ?

La meilleure solution c'est une combinaison de méthodes, souligne l'Anses, qui distingue le cas où une tolérance zéro doit être appliquée, comme les parcs très fréquentés ou les cours d'école, et d'autre cas où leur présence, restreinte, peut être tolérée.

L'Anses invite à des méthodes préventives, en évitant les essences d'arbres qui attirent les chenilles processionnaires, comme les pins ou les chênes par exemple. Mais également curatives avec la mise en place de pièges en forme comme des collier autour des troncs, qui peuvent être mis en place avant l’hiver, lorsque les chenilles descendent des pins pour s’enfouir au sol. Le seul insecticide autorisé, le BTK, nécessite de fermer le site au public pendant un voire plusieurs jours, et est très contrôlé car nuisible à d'autres espèces.

Mais avant d'en arriver à cette extrémité, le vinaigre blanc, pulvérisé sur les plantes, est une solution efficace, tout comme le marc de café, disposé autour des plantes, qui est un bon répulsif naturel. Autre répulsif naturel, le bouleau, qui dégagerait une odeur qui agirait comme un répulsif sur les chenilles.

L'autre solution, c'est d'inviter les prédateurs des chenilles : les mésanges et les chauves-souris, en installant un nichoir ou un gîte à chauve-souris. Enfin, la destruction mécanique des nids est une des solutions recommandée par l'Anses.

Où trouve-t-on des chenilles processionnaires ?

VIDÉO - Il filme des chenilles fascinantes se déplaçant en file indienne