La cheffe de l’extrême droite finlandaise obligée de s’excuser après un énième scandale raciste

Nouvelle polémique à l’extrême droite de l’échiquier politique finlandais visant cette fois la leader du Parti des Finlandais, Riikka Purra.
Nouvelle polémique à l’extrême droite de l’échiquier politique finlandais visant cette fois la leader du Parti des Finlandais, Riikka Purra.

INTERNATIONAL - Les scandales s’enchaînent pour l’extrême droite finlandaise depuis qu’elle a remplacé Sanna Marin, l’ancienne Première ministre sociale-démocrate, au pouvoir. Après avoir été invité à rejoindre la coalition gouvernementale de droite, le principal parti finlandais d’extrême droite mené par Riikka Purra, fait en effet l’objet de plusieurs controverses. Et la dernière pas plus tard que cette semaine…

Cheffe du Parti des Finlandais et numéro 2 de la coalition, Riikka Purra est la cible de nombreuses critiques ce mardi 11 juillet pour de vieux messages de blogs à caractère raciste dont elle est accusée d’être l’autrice.

La dirigeante de la formation nationaliste et anti-immigration est ainsi accusée d’avoir employé de nombreuses formules à caractère racial, violentes ou anti-musulmans dans des commentaires publiés en 2008 sur le blog d’un autre politicien d’extrême droite, Jussi Halla-aho, qui a déjà été condamné pour incitation à la haine raciale.

Excuses et appels à la démission

L’élue de 45 ans, en poste au ministère des Finances, a d’abord refusé d’endosser la responsabilité des propos et de reconnaître être l’utilisatrice dénommée « riikka ». Mais elle a finalement fait marche arrière sur ses réseaux sociaux ce mardi, en publiant un long message d’explication. « À cette époque, je m’exprimais d’une manière et avec des mots qu’aujourd’hui je n’accepte absolument pas et n’utiliserais pas », a-t-elle commencé par admettre.

« Je me sentais très frustrée et désespérée par certains aspects de l’immigration en Finlande », avait-elle déjà commencé à admettre la veille sur son propre blog, avant de formuler de véritables excuses ce mardi. « Je m’excuse pour mes commentaires stupides sur les réseaux sociaux il y a 15 ans, et pour le mal et le ressentiment qu’ils ont naturellement causés. Je ne suis pas une personne parfaite, j’ai fait des erreurs. »

« J’espère que mes performances en politique seront jugées en fonction de ce que je fais dans mes postes de confiance, en tant que députée, ministre et présidente de parti », espère également la ministre, qui a bel et bien admis être la fameuse « riikka ».

Ses propos, exhumés sur les réseaux sociaux, ont logiquement suscité des appels à la démission et des condamnations au sein du gouvernement finlandais.

« De tels écrits sont inacceptables de quiconque, quel que soit leur parti », a notamment affirmé Anders Adlercreutz, ministre des Affaires européennes et membre du petit parti suédophone membre de la coalition gouvernementale. Le président finlandais Sauli Niinistö, depuis le sommet de l’Otan à Vilnius, a quant à lui appelé le gouvernement « à prendre une position claire de tolérance zéro contre le racisme ».

Un enchaînement de scandales racistes

Le moment où survient la polémique n’est pas idéal pour l’extrême droite finlandaise, malgré sa récente entrée dans le gouvernement. Elle surgit en effet deux semaines seulement après la démission d’un des ministres collègue de Riikka Purra, également issu du Parti des Finlandais, pour des propos pro-nazis, qui ont parasité les débuts du gouvernement du Premier ministre Petteri Orpo.

Fin juin, le nouveau ministre finlandais de l’Économie Vilhelm Junnila avait pour sa part dû démissionner après un autre tollé provoqué par d’anciens propos favorables aux nazis. Des mots remontant à 2019 et à une manifestation organisée par le groupe d’extrême droite Coalition de nationalistes connu pour ses liens avec le groupe anti-immigrés des Soldats d’Odin.

Le ministre avait également ironisé sur le IIIe Reich lors de la dernière campagne législative, où il s’était laissé aller à plaisanter sur le nombre de candidats, 88, un nombre utilisé par des groupes néonazis pour marquer une allégeance à Hitler (le H étant la huitième lettre de l’alphabet).

The Guardian rappelle également qu’une autre ministre, Mari Rantanen s’était retrouvée à nier, début juillet, des accusations selon lesquelles elle adhérait au concept conspirationniste du grand remplacement. La ministre de l’Intérieur finlandaise était accusée d’utiliser des hashtags sur Twitter en lien avec ce concept, qui suggère de manière erronée que les populations occidentales sont progressivement remplacées démographiquement et culturellement par des personnes issues de l’immigration extra-européenne. La radio-télévision publique nationale finlandaise Yle cite notamment le tweet ci-dessous comme exemple.

La polémique l’avait poussée à publier un démenti sur les réseaux sociaux le 3 juillet. « Je ne crois pas aux conspirations. Je ne crois pas non plus à la théorie du remplacement de la population. Je crois aux chiffres et aux statistiques », avait-elle écrit sur Twitter en réaction à un message de soutien de sa leader politique Riikka Purra, aujourd’hui au centre de l’attention.

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