Chartres: un homme condamné pour violences physiques sur deux de ses enfants

"Pour la première fois, les enfants de Sophie sont crus par la justice". Ce lundi 6 mai, le tribunal correctionnel de Chartres (Eure-et-Loire) a reconnu un père de famille coupable de violences physiques sur deux de ses quatre enfants et l'a condamné à trois mois de prison avec sursis.

Ce père de famille n'est autre que l’ancien compagnon de Sophie Abida. Cette mère mène un combat judiciaire depuis près de deux ans contre cet ex-conjoint qu'elle accuse de violences physiques mais également sexuelles sur la fratrie.

"Une rupture nette avec les décisions judiciaires"

"Ce jugement du tribunal correctionnel marque une rupture nette avec les décisions judiciaires intervenues jusqu'ici", note Me Pauline Rongier dans un communiqué. "On a une condamnation pour des faits qui avaient été classés sans suite", souligne Me Pauline Rongier auprès de BFMTV.com.

Sophie Abida a déposé plainte à plusieurs reprises contre son ex-conjoint. Deux de ces procédures ont été classées sans suite. La première plainte remonte à l'année 2020 après une nouvelle scène de violence au domicile familial.

Le père de famille "avait reconnu avoir pu donner de manière occasionnelle des fessées ou des gifles sur deux de ses garçons dans un contexte de tension conjugale extrême qui avait pu le conduire à des pertes de contrôle qu'il regrettait immédiatement", rapporte son avocat, Me Bertrand Lebailly à BFMTV.com. Pour ces violences, il avait écopé d’un rappel à la loi et d’un stage de parentalité de 48 heures.

"Les faits ayant déjà été connus", la condamnation du père de famille "était donc logique et attendue", poursuit l’avocat précisant que son client a été "condamné pour des violences éducatives ordinaires qui sont maintenant interdites depuis la loi de juillet 2019" sans incapacité totale de travail.

Le père de famille a par ailleurs été relaxé concernant la troisième enfant du couple, leur plus jeune fille. Le tribunal ayant estimé "que les faits de violences dénoncés par madame Abida à son égard n’était pas établis".

Garde exclusive au père

Pour Me Pauline Rongier, la condamnation du père de famille ce lundi 6 mai par le tribunal correctionnel, saisi sur citation directe, est "une première victoire". "Il y a un an dans ce même tribunal, on a obtenu la libération de Sophie après son incarcération. Mais ce jour-là, elle n’a pas été soulagée comme elle l’a été lors de cette audience où pour la première fois la parole de ses enfants a été entendue et crue par la justice", détaille l’avocate.

Me Pauline Rongier se tourne désormais vers les procédures futures. Si l'ancien compagnon de Sophie Abida a reconnu des violences physiques sur ses enfants, il a toujours réfuté les accusations d’inceste. Sophie Abida estime pourtant avoir des preuves. Un signalement pour violences sexuelles d'un des enseignants des enfants, un autre du même type émis par le CHU d'Orléans, et de multiples déclarations des petits.

En janvier 2023, c'est pourtant au père de famille que le juge aux affaires familiales confie la garde de leurs quatre enfants sur la base d'un rapport d'expert psychologique qui "s'interroge sur le fonctionnement familial du côté maternel" et "sur la capacité par la mère à faire passer les intérêts de ses enfants avant les siens". Un rapport établit par un expert qui n'a rencontré ni la mère ni les enfants.

La juge aux affaires familiales conclut qu'"aucun élément objectif et extérieur" n'accréditait les faits dénoncés par la mère et les enfants, évoquant une "instrumentalisation" de ces derniers.

Le jugement "ne constitue pas un tournant"

En septembre 2023, Sophie Abida est condamnée à dix mois de prison pour avoir soustrait la plus jeune des quatre enfants, âgée de 2 ans, à la garde du père. À ce jour, Sophie Abida n’a pas retrouvé la garde de ses enfants. La décision du tribunal correctionnel de Chartres pourrait-t-elle avoir un poids dans les procédures à venir? "On va produire la décision", rapporte Me Pauline Rongier. "Cela redonne de l’espoir", conclut-elle.

Un juge d’instruction a été désigné pour reprendre les investigations après le dépôt par Sophie Abida d’une plainte avec constitution de partie civile contre son ancien compagnon pour violences sexuelles sur leurs enfants. Selon les informations de BFMTV.com, Sophie Abida doit être entendue en juin 2024.

Pour l'avocat du père de famille, le jugement du tribunal correctionnel de Chartres "ne constitue pas un tournant". "Ces faits, on les connaît depuis le début du dossier. Il a eu un rappel à la loi ce qui prouve que les faits commis par mon client n’ont strictement rien à voir avec ce que Madame Abida prétend dénoncer", ajoute Me Bertrand Lebailly.

L'avocat se dit confiant pour les procédures à venir. "Les enfants sont confiés à leur père depuis maintenant un an et demi. Ils font l’objet d’un suivi éducatif renforcé et sont donc particulièrement bien entourés”, conclut Me Bertrand Lebailly.

Article original publié sur BFMTV.com