Charter Communications dit n'être "pas intéressé" par Sprint

par Greg Roumeliotis et Liana B. Baker

(Reuters) - Le câblo-opérateur américain Charter Communications a dit dimanche ne pas être intéressé par l'achat de l'opérateur de téléphonie mobile Sprint dont l'actionnaire majoritaire, le japonais Softbank, cherche à lui trouver un partenaire sur un marché mobile américain saturé.

Une fusion entre Charter et Sprint permettrait de créer un géant des télécommunications offrant un accès unique aux services de téléphonie et à internet et disposant de moyens plus importants pour développer les infrastructures nécessaires au déploiement de la technologie 5G.

Le directeur général de SoftBank, Masayoshi Son, envisage de faire une proposition d'acquisition dès cette semaine à Charter dont la capitalisation boursière atteint 110 milliards de dollars (93,75 milliards d'euros) pour un endettement de 60 milliards, a dit dimanche une source proche du dossier.

Softbank reste intéressé à un rapprochement entre Sprint et T-Mobile US, un autre opérateur mobile américain contrôlé par l'allemand Deutsche Telekom, avec lequel Sprint a déjà eu des discussions, a ajouté la source qui a requis l'anonymat. SoftBank s'est refusé à tout commentaire.

"Nous comprenons les raisons pour lesquelles une opération est intéressante pour SoftBank, mais Charter n'est pas intéressé par une acquisition de Sprint", a déclaré dimanche un porte-parole de Charter dans un communiqué. Il s'est refusé à dire si Charter serait prêt à envisager une offre de SoftBank et à quel prix.

Sprint et T-Mobile n'ont pu être joints pour l'instant.

Sprint a passé deux mois en négociations exclusives avec Charter et Comcast sur un partenariat dans la téléphonie mobile virtuelle, mettant ainsi sous le boisseau ses propres discussions de fusion avec T-Mobile US.

L'intérêt de Softbank pour Charter montre toutefois qu'il cherche des alternatives pour renforcer sa capacité de négociation avec T-Mobile, ont dit des analystes.

"Cela pourrait être un moyen de se donner une marge de maneouvre pour une opération avec T-Mobile", a dit Amy Yong, analyste chez Macquarie à propos d'une possible offre de SoftBank sur Charter.

Une telle opération pèserait lourdement sur les finances du groupe nippon, dont la capitalisation boursière atteint 9.900 milliards de yens, mais qui ne pourrait sans doute pas mobiliser son véhicule d'investissement dans les technologies Vision Fund doté de 100 milliards de dollars qu'il a levé cette année.

La capitalisation boursière de Sprint est pratiquement équivalente à son endettement à 32,8 milliards de dollars. Une offre sur Charter permettant à SoftBank de lui en assurer le contrôle impliquerait de lever des dizaines de milliards de dette supplémentaire et pourrait forcer le groupe nippon à apporter en garantie certains de ses autres actifs comme sa participation de 29,5% dans le géant chinois de l'internet Alibaba ou ses 43% dans Yahoo Japan.

SoftBank a terminé en baisse de 2,29% lundi à la Bourse de Tokyo.

SoftBank devrait aussi tenir compte des attentes du principal actionnaire de Charter, Liberty Broadband dont le directeur général Tom Rutledge a une rémunération indexée sur sa capacité à faire passer le cours de l'action de Charter au-dessus de 564 dollars. L'action Charter a clôturé à 370,26 dollars vendredi à la Bourse de New York.

Même si Charter était intéressé à une fusion avec Sprint, il lui faudrait aussi le blanc-seing de Comcast, le premier câblo-opérateur américain, car les deux sociétés ont signé en mai un accord qui leur interdit toute transaction d'importance sans assentiment réciproque pendant un an.

Verizon Communications, le premier opérateur mobile américain, a aussi manifesté son intérêt pour une acquisition de Charter cette année, ont dit des sources.

En dépit de probables obstacles réglementaires, les investisseurs anticipent depuis longtemps une fusion entre T-Mobile et Sprint, les troisième et quatrième opérateurs mobiles américains.

T-Mobile ne semble pas pressé de conclure une fusion avec Sprint même s'il admet prendre goût à discuter avec ce dernier.

T-Mobile a gagné des parts de marché sur ses concurrents plus gros AT&T et Verizon en améliorant son réseau et en baissant les prix.

(Marc Joanny pour le service français, édité par Véronique Tison)