Des chars lourds Abrams vont être livrés à l’Ukraine par les États-Unis

PUCKAPUNYAL, AUSTRALIA - 2022/08/05: An Abrams tank and armoured personnel carrier fire during an army firepower demonstration for guests and families at Puckapunyal Range in Victoria. The Australian Army put on a fire power display for guests and families at Puckapunyal Range, Australia. The display included Adrams Tanks and Artillery firing at moving and stationary targets. Around 400 people attended the event, from local primary school children to Grandparents of Soldiers. (Photo by Michael Currie/SOPA Images/LightRocket via Getty Images)

GUERRE EN UKRAINE - Il aura fallu des semaines de tergiversations. Les États-Unis ont (enfin) annoncé, ce mercredi 25 janvier, leur intention d’envoyer des chars lourds à l’Ukraine, qui lutte depuis près d’un an contre les forces russes. 31 chars Abrams seront envoyés, a précisé le président américain Joe Biden au cours d’une conférence de presse.

Comme l’a expliqué le spécialiste des États-Unis Corentin Sellin sur Twitter, cette annonce « est d’abord politique et symbolique ». En fait, la décision américaine « est d’abord faite pour débloquer la livraison allemande puis européenne des chars Léopard 2 », analyse-t-il.

En effet, pendant des semaines, l’Ukraine a mis sous pression les Occidentaux et en particulier sur l’Allemagne pour qu’elle fournisse ses chars Leopard. Berlin a longtemps botté en touche, réclamant que les États-Unis soient les premiers à envoyer des tanks, avant de faire son annonce ce mercredi un peu plus tôt dans la journée.

Car l’envoi de chars lourds brise un tabou chez les alliés de l’Ukraine, qui s’enfoncent ainsi un peu plus dans la guerre… et qui craignent d’aggraver la colère de Moscou.

« Ces chars vont brûler »

« Si les États-Unis décident de livrer des chars, il sera impossible de justifier un tel acte par des arguments liés aux ’armes défensives’. Il s’agirait d’une nouvelle provocation flagrante à l’encontre de la Fédération de Russie », avait prévenu l’ambassadeur russe à Washington, Anatoly Antono, avant l’annonce de Joe Biden. « Ces chars vont brûler comme tous les autres », a aussi menacé le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.

Provoquer l’ire de la Russie n’était pas la seule réticence des États-Unis. Les Américains s’inquiètent surtout de la capacité des forces ukrainiennes à assurer la maintenance de ces tanks très coûteux. Dans le Washington Post, un officiel estimait même qu’il serait « impossible » pour les soldats de Volodymyr Zelensky de s’occuper de ces chars lourds.

« Le char Abrams n’est pas plus difficile à employer qu’un Leopard ou un Leclerc, mais sa turbine consomme deux fois plus que les moteurs diesel de ses concurrents, ce qui impose une logistique de ravitaillement beaucoup plus importante », a expliqué au Monde Marc Chassillan, spécialiste de l’armement terrestre.

La livraison devrait attendre plusieurs mois

Mais finalement, « donner à l’Allemagne la protection politique qu’elle recherchait pour envoyer ses propres chars l’a emporté sur les réticences du département de la Défense », a conclu le New York Times après avoir interrogé des membres de la Maison-Blanche et du département d’État (équivalent du ministère des Affaires étrangères).

De toute façon, comme le souligne la presse américaine, la trentaine de chars promis ne sera pas sur le terrain dans l’immédiat. Les États-Unis ne devraient pas livrer des chars de son propre stock, il faut donc les fabriquer, tout en formant les soldats ukrainiens. Ce processus pourrait prendre plusieurs mois, voire années.

Outre les chars Abrams et Leopard, Kiev pourra aussi compter sur les chars Challenger, promis par le Royaume-Uni, pour contrer une possible nouvelle offensive russe de grande ampleur crainte au printemps. La France, elle n’a pas encore pris sa décision concernant ses chars Leclerc.

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