Le Charles-de-Gaulle, porte-avions nucléaire déployé sous l’égide de l’Otan, va commencer la mission « Akila »
OTAN - L’aigle s’envole du nid. La mission de l’Otan Akila, qui signifie « aigle » en roumain, débute ce lundi 22 avril pour environ six semaines en Méditerranée. Le groupe aéronaval, composé notamment du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle qui se remet de huit mois de travaux, appareillera de Toulon avec à son bord au moins 3 000 marins.
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Mais, fait inédit, il sera pendant deux semaines engagé sous commandement de l’Otan. Un symbole de l’engagement renforcé de Paris auprès de l’Alliance atlantique face à la Russie. L’annonce de cette opération très particulière avait créé la polémique du côté de certaines formations politiques défiantes envers l’Otan. « Tristesse, vassalisation affichée », avait commenté sur X le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon.
« La France ne perd jamais le commandement de ses forces placées sous pavillon de l’Otan. Nous sommes souverains. Notre porte-avions sera le fer de lance de cette mission conduite avec nos alliés », avait alors répondu agacé le ministre des Armées Sébastien Lecornu.
Le XV de l’Otan en Méditerranée
Ce n’est pas la première fois que le porte-avions participe à des exercices et opérations de l’Otan, mais il était jusqu’ici toujours sous contrôle national. Cette fois-ci, le fleuron de la marine française évoluera du 26 avril au 10 mai sous la tutelle de StrikforNato, l’un des états-majors tactiques de l’Otan. Basé au Portugal près de Lisbonne et spécialisé dans les opérations en Méditerranée, il est sous le commandement d’un amiral américain, également commandant de la sixième flotte des États-Unis, expliquent nos confrères du Monde.
« C’est la première fois que l’on place le porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle et l’ensemble de son escorte, dont un sous-marin nucléaire d’attaque, sous le contrôle opérationnel de l’Otan pendant 15 jours », souligne à l’AFP le vice-amiral français Didier Maleterre, numéro deux du commandement maritime de l’Otan.
Le Charles-de-Gaulle ne sera pas seul pour cette mission puisqu’il rejoint d’autres bâtiments, américains, grecs, espagnols, italiens et portugais. En tout, quinze nations seront représentées. Avant lui, les États-Unis avaient déjà placé un de leur porte-avions sous contrôle opérationnel de l’Otan en 2022, pour la première fois depuis la Guerre froide, tandis que les Britanniques l’ont fait en 2023.
Remise à niveau avec les alliés
Concrètement, même si le porte-avions est sous commandement de l’Otan, cela ne veut pas dire que les marins français vont être remplacés par des marins étrangers et que le vaisseau sera confié à l’Alliance. Cela signifie simplement que cette dernière décidera des actions tactiques à mener.
« Ce détachement est un moyen de faire du signalement stratégique auprès de l’OTAN, mais c’est aussi une vraie recherche d’interopérabilité avec les alliés », décrypte pour Le Monde Héloïse Fayet, chercheuse à l’Institut français des relations internationales.
La mission permettra à la France « de rentrer dans le rang en se mettant au même niveau que nos alliés. On va aussi beaucoup apprendre », a estimé le commandant du groupe aéronaval français, le contre-amiral Jacques Mallard.
Mais pour ceux qui s’inquiéteraient de cette collaboration rapprochée entre le fleuron de la marine française et l’Otan, le vice-amiral français Didier Maleterre assure qu’à « tout moment on peut récupérer le mandat, et en un claquement de doigts récupérer le commandement national en cours d’opérations si nécessaire ».
Regagner en crédibilité et faire passer un message à la Russie
Cette mission Akila est une activité de vigilance opérationnelle qui vise à « renforcer la posture défensive et dissuasive de l’Otan, contribuer à la sécurité collective et soutenir les opérations visant à favoriser la stabilité régionale », explique le ministère de la Défense sur son site.
Sur le plan diplomatique, cette mission « est un message vis-à-vis des Russes. Face à la menace qui croît, le fait d’être efficaces collectivement prime », commente auprès de l’AFP Pascal Ausseur, directeur général de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques. En parallèle, la France a multiplié récemment les déclarations fortes à l’égard de Moscou, Emmanuel Macron ayant notamment appelé mi-mars à une « défaite de la Russie ».
« Il y a un tournant assez significatif dans l’approche française, souligne Robert Pszczel, ancien responsable à l’Otan et chercheur au Centre for Eastern studies. À Bruxelles, les alliés regardent tout cela de très près, et plus il y aura de gestes concrets comme celui-ci, plus forte sera leur perception d’un changement français crédible. »
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