«Chaque action d’Act Up était déjà enrobée par la fiction»

Rencontre avec Robin Campillo, militant au sein de l’association de lutte contre le sida devenu cinéaste. Son vibrant «120 Battements par minute» a obtenu le grand prix du jury à Cannes et sort en salles mercredi.

«Robin Campillo raconte l’histoire de héros qui ont sauvé de nombreuses vies», a déclaré, la voix étranglée par un sanglot, le président du jury du Festival de Cannes cette année Pedro Almodóvar, dont il ne fait plus guère de doute qu’il voulait accorder la palme d’or au film 120 Battements par minute mais s’est vu contredit dans son engouement par quelques voix discordantes et un vote final qui a imposé The Square de Ruben Ostlund. Peu importe, au moment où il récupère finalement le grand prix, le biopic du collectif Act Up est déjà le film qui aura le plus fait couler d’encre pendant le Festival, où il est projeté dès le premier week-end. Les médias se sont immédiatement arraché les interviews du cinéaste et de ses acteurs principaux, Nahuel Perez Biscayart et Arnaud Valois. «Tout le monde s’est réveillé actupien», comme le disait Philippe Mangeot, ex-président de l’association et coscénariste du film tandis que dans Libération, Didier Lestrade, cofondateur en 1989 de la branche Act Up-Paris, publiait le 30 mai une tribune intitulée «Epargnez-nous vos louanges», une manière de recadrage à l’heure où le film racontant les années sida les plus meurtrières semblait se convertir ici et là en feel good movie paradoxal : «Nous avons créé ce mouvement au milieu des insultes. Alors please, ne recommençons pas la même blague, c’est gênant pour tout le monde. 120 Battements par minute raconte une histoire commune que la société a oubliée […]. Je dois être la seule personne de presque 60 ans qui a monté les marches du tapis rouge de Cannes tout en étant au RSA (oui, les mots "Cannes" et "RSA" dans la même phrase).» Sur scène au moment de recevoir son prix, Robin Campillo qui, après des années consacrées au militantisme, a renoué avec le cinéma (...) Lire la suite sur Liberation.fr

Radicalités
«120 Battements par minute», à fleur de pouls
PHOTOGRAPHE POUR «LIBÉ» ET «HÉTÉRO DE BASE»
ACT UP GUÉRILLA ANTISIDA
Christophe Martetprésident d’Act up de 1994 à 1996 «On arrivait tous à Act Up avec un problème»