Le changement d’heure, bonne nouvelle pour la facture d’électricité ?

Comme à chaque fin du mois d’octobre, le changement d’heure fait son grand retour, sauf que cette année, le contexte tendu autour de la consommation électrique pousse à remettre en question la véritable utilité de cette mesure pour réduire l’éclairage en soirée.
JEFF PACHOUD / AFP Comme à chaque fin du mois d’octobre, le changement d’heure fait son grand retour, sauf que cette année, le contexte tendu autour de la consommation électrique pousse à remettre en question la véritable utilité de cette mesure pour réduire l’éclairage en soirée.

HEURE D’HIVER - Il va faire nuit plus tôt. Dans la nuit du samedi 29 au dimanche 30 octobre, le changement d’heure va faire son grand retour, ce qui entraînera logiquement le gain d’une heure de sommeil en plus. Une bonne nouvelle pour les marmottes, et aussi pour nos factures énergétiques cet hiver ?

Homogénéisé dans toute l’Union européenne pour faciliter les échanges à partir de 2002, le changement d’heure s’effectue (pendant l’hiver) dans la nuit du dernier samedi au dernier dimanche du mois d’octobre. Il a été mis en vigueur en France depuis 1976 pour réduire la consommation de ressources énergétiques après le choc pétrolier de 1973-1974. En hiver, le but étant d’économiser de l’électricité le matin avec l’arrivée précoce du soleil.

Pour autant, les effets de cette mesure relativement facile à mettre en œuvre, tendent à être de plus en plus contestés. D’autant plus que son application devait prendre fin en 2021 avant que la pandémie de Covid-19 ne vienne bousculer la hiérarchie des priorités européennes.

Des économies relativement visibles…

De fait, les récents rapports de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), ne laissent pas présager d’un impact conséquent sur les économies d’énergies demandées aux citoyens, aux administrations et aux entreprises privées.

Dans son rapport de 2010, elle insiste sur le fait que « le changement d’heure permet des économies en énergie et CO2 réelles mais modestes, pour un coût quasi-nul de mise en œuvre ». Leur constat permet d’établir que les gains sont de 440 GWh concernant l’électricité, soit l’équivalent de la consommation en éclairage d’environ 800 000 ménages. De quoi éviter, selon ces chiffres de 2009, 44 000 tonnes de CO2 rejetées par la production électrique. Un bonus pour la nature mais avec des effets limités sur les portefeuilles des 30 millions de ménages français.

Dans tous les cas, la mesure permet de soulager les pics de consommations sur le réseau électrique. D’ailleurs, les estimations faites par l’Ademe en 2010, sur l’année 2009 permettent de voir que le changement d’heure a permis une diminution de 3,5GW de la puissance appelée à 19 heures (pendant le pic de consommation nocturne). Si l’on s’en tient aux estimations de l’Ademe de l’époque : en 2030, cet avantage resterait en moyenne de l’ordre de 2 GW.

Si ces chiffres ont près de 10 ans, les rapports plus récents n’analysent pas de grands changements par ailleurs. Dans un rapport de 2017, la Commission européenne note que les gains du changement d’heure restent « marginaux » et permettraient aux pays de l’UE d’économiser entre 0,5 et 2,5 % de leur consommation énergétique totale.

... Mais toujours insuffisantes ?

En outre, comme le note l’Ademe, elle-même, ces perspectives de 2009 ne prenaient pas forcément en compte l’« évolution des équipements avec l’introduction progressive de lampes basse consommation » et l’« éclairage public calé sur la nuit solaire ». À cela s’ajoutent de nouveaux appareils qui, au moment des études faites, n’étaient pas aussi répandus qu’aujourd’hui : on pense par exemple, aux chargeurs et aux boxes internet, qui ne dépendent que très peu de l’heure du jour ou de la nuit, comme le rappelle justement La Voix du Nord.

Autre aspect dont il faut également tenir compte : le vieillissement du parc de production électrique français, qui entraîne de ce fait une fragilité accrue de la production énergétique hexagonale cette année.

Enfin, le changement d’heure semble également perdre en efficacité avec la tendance observée ces dernières années d’une vie quotidienne plus tardive, où l’on vit davantage en soirée plutôt que le matin, comme le rappelle le météorologue Regis Crepet pour La Chaîne Météo.

Et la facture ?

En prenant en compte ces différents paramètres, le changement d’heure n’est pas amené à bouleverser la facture des Français sur la période hivernale. Ce sont en revanche, les mesures collectives appliquées par la population avec des gestes simples qui pourraient un peu plus porter leurs fruits en la matière.

Pour influencer directement les citoyens, le gouvernement a par exemple instauré la météo de l’électricité EcoWatt. Un moyen simple et ludique pour prendre conscience de la bonne manière de gérer sa consommation électrique. Sans oublier que les mesures d’économie d’énergie demandées aux Français concerneront aussi les enseignes de magasins, la publicité, l’éclairage public, les bâtiments administratifs et privés ainsi que certains monuments et pourraient ainsi avoir de l’impact sur la baisse collective de consommation, au plus fort de l’hiver.

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