Changement climatique : les habitants du Tuvalu pourront avoir « l’asile climatique » en Australie

ENVIRONNEMENT - Une option de secours pour les habitants d’une île vouée à disparaître. L’archipel de Tuvalu, petit ensemble d’îles du Pacifique grignoté par la montée des eaux est menacé de disparaître, et avec lui ses quelque 11 000 citoyens. Depuis des dizaines d’années, l’État insulaire réclame de l’aide aux pays développés, historiquement responsables du dérèglement climatique.

Le Tuvalu se télécharge dans le métavers pour ne pas disparaître

En 2021, le ministre des Affaires Étrangères de Tuvalu avait marqué les esprits, en prononçant un discours très symbolique les pieds dans l’eau pour alerter la scène internationale. Son cri d’alarme a finalement été entendu par l’Australie, avec qui il a conclu un accord historique ce jeudi 9 novembre, qui offrira l’« asile climatique » aux habitants de Tuvalu.

Accès aux écoles, systèmes de soin, et aides financières

Selon les scientifiques la moitié du territoire pourrait être submergée d’ici 2050, et 95 % d’ici 2100, laissant la place à une étendue d’eau. Deux des neuf récifs coralliens ont déjà été engloutis.

Le pacte, passé entre le Premier Ministre australien et son homologue de Tuvalu doit permettre aux citoyens de l’archipel de se réfugier en Australie pour « y vivre, y étudier et y travailler » dans les prochaines années. Le nombre d’entrées sera cependant limité dans un premier temps à 280 par an, afin d’éviter toute « fuite des cerveaux » trop dommageable.

Le ministre Kausea Natano a salué une « lueur d’espoir » pour sa nation. Jane McAdam, experte en droit des réfugiés, parle, elle, d’un texte « fondateur ». « C’est le premier accord qui s’attaque spécifiquement à la mobilité climatique », a affirmé à l’AFP cette professeure à l’Université de Nouvelle-Galles du Sud.

« La plupart des gens ne veulent pas quitter leur maison, ils ont des liens ancestraux très forts avec leur terre et la mer, mais cela leur offre une sécurité », indique-t-elle également. Le texte doit encore être ratifié par les deux parties pour entrer en vigueur. Par ailleurs, l’Australie s’est engagée à mobiliser 16 millions de dollars australiens (9,5 millions d’euros) pour consolider les côtes de Tuvalu qui s’érodent.

Enjeu géopolitique pour l’Australie

Lors de la signature de l’accord, le Premier Ministre australien a déclaré être ouvert à l’idée de conclure des accords similaires avec d’autres pays voisins de l’océan Pacifique, ajoutant qu’il faudrait toutefois un traité sur-mesure pour chaque candidat.

Ce pacte représente un intérêt stratégique pour Canberra, qui entend renforcer son influence dans la région face à la présence accrue de la Chine. Le traité comporte notamment un volet défense, engageant l’Australie à venir en aide à Tuvalu en cas d’« agression militaire », mais aussi de catastrophe naturelle ou de pandémie. Il permet à Canberra d’avoir son mot à dire à propos de tout pacte de défense que l’archipel signerait avec d’autres pays. Une possibilité d’autant plus importante que les îles Salomon, à l’ouest de Tuvalu, en ont conclu un avec Pékin, l’accord autorisant le déploiement de forces armées chinoises sur leur territoire.

Les relations ne sont pas parfaites pour autant entre Canberra et ses voisins, en particulier à cause de la dépendance australienne au charbon et aux exports de gaz, deux postes économiques polluants critiqués par les nations des environs qui subissent déjà de plein fouet la montée des eaux et une météo de plus en plus extrême.

Le Premier Ministre australien Anthony Albanese a ainsi souligné que les pays développés doivent commencer à prendre plus de responsabilités dans la lutte contre le changement climatique, alors que ce sont ceux en développement qui en pâtissent le plus. Un thème qui doit figurer parmi les trois grands chapitres de la COP28, qui s’ouvrira le 30 novembre à Dubaï.

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