Avec le changement climatique, le débit du Rhône va chuter et les conséquences risquent d’être dramatiques

Le débit du Rhône va baisser drastiquement d’ici 2055, alerte une étude de l’agence de l’eau vendredi 3 mars. (Illustration : Le Rhône, le 24 janvier 2018)
Le débit du Rhône va baisser drastiquement d’ici 2055, alerte une étude de l’agence de l’eau vendredi 3 mars. (Illustration : Le Rhône, le 24 janvier 2018)

CLIMAT - Le fleuve le plus puissant de France n’est pas « inépuisable ». Avec le changement climatique, le débit du Rhône pourrait baisser jusqu’à 20 % dans les 30 prochaines années, a alerté l’Agence de l’eau dans une étude diffusée ce vendredi 3 mars, en préconisant plus de sobriété et moins de gaspillage d’eau.

Et pour cause, les effets du réchauffement se font déjà sentir sur le bassin du Rhône. Les températures de l’air ont augmenté de 1,8 °C en moyenne entre 1960 et 2020, et jusqu’à +3,6 °C sur les rives de l’Ardèche. L’eau du fleuve s’est elle aussi réchauffée de +2,2 °C au nord à +4,5 °C au sud « sous l’effet conjugué de l’élévation de la température de l’air et de l’implantation de centrales nucléaires ».

À cela s’ajoute des sols de plus en plus secs, et des débits de plus en plus bas l’été. Les débits d’étiage (période de l’année où les cours d’eau sont au plus bas NDLR) vont diminuer de 20 % supplémentaires d’ici 30 ans et jusqu’à « 40 % en moyenne pour l’Isère et 30 % pour la Drôme et la Durance ». En résumé, cette étude montre à quel point le sujet « devient une préoccupation collective ».

Dommages en cascade

Le constat est alarmant et les conséquences le sont encore plus. Parmi les premiers affectés par la baisse du débit : les producteurs d’énergie, alors que le Rhône « génère un quart de la production électrique du pays ». La baisse des débits du Rhône va provoquer des « contraintes de fonctionnement accrues pour les centrales nucléaires à circuit de refroidissement ouvert ». Et de la même manière, le manque d’eau va perturber la production des centrales hydroélectriques.

La biodiversité aquatique va aussi être victime de la baisse du niveau de l’eau. L’agence alerte en ce sens sur une « fragilisation » des espèces qui vivent dans le Rhône. Elle avance quelques solutions pour tenter de s’adapter : « renaturer » le fleuve, diversifier les habitats, reconnecter le Rhône avec des zones humides à proximité...

« C’est aussi une ressource pour de nombreux autres usages comme la navigation, l’alimentation en eau potable, l’irrigation agricole, les activités industrielles, ou les usages récréatifs », a déploré Martial Saddier, président du comité de bassin Rhône-Méditerranée, interrogé pour cette étude.

Long de 810 kilomètres, le Rhône est un des plus grands fleuves européens, et, dispose du débit le plus puissant de France métropolitaine. Sa vallée compte 4 des 18 centrales nucléaires et 14 des 56 réacteurs du parc français, selon les chiffres d’EDF.

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