Chambéry: une femme accusée de viols et de violences répétées sur son mari

Le quartier des femmes de la prison de Fresnes, en région parisienne, en juillet 2020   - JOEL SAGET © 2019 AFP
Le quartier des femmes de la prison de Fresnes, en région parisienne, en juillet 2020 - JOEL SAGET © 2019 AFP

Derrière leur intervention pour des violences conjugales, les policiers ont mis au jour des accusations plus vastes. Le 9 mars dernier, une femme de 28 ans a été interpellée à Chambéry, en Savoie, après l'alerte donnée par son voisin de palier, témoin d'une dispute entre la jeune femme et son mari, a appris BFMTV.com, confirmant une information du Dauphiné Libéré.

Auditionné par la police en tant que victime, le conjoint de la suspecte a dépeint une situation allant bien au-delà des violences verbales et des coups. Marié depuis 2016, il affirme avoir été contraint à des relations sexuelles avec sa conjointe qui le menaçait, en cas de refus, de signaler sa situation irrégulière en France pour le faire expulser. L'homme en veut pour preuve une vidéo, remise à l'officier de police qui a enregistré sa plainte, attestant de ce chantage.

Des violences récurrentes depuis deux ans

"Ca ne prouve rien", balaie l'avocat de l'accusée, Me Ahmed Randi, interrogé par BFMTV.com.

"À ce stade, nous n'avons que la retranscription faite de la vidéo par le policier. On ne sait donc pas clairement quel ton a été employé dans le dialogue entre les protagonistes. Il n'y a par ailleurs pas de trace de rapport sexuel durant cet échange", décrit l'avocat, qui a demandé qu'une copie de l'enregistrement lui soit transmise.

Toutefois, une source proche du dossier nous indique que des éléments de l'enquête font état de "violences physiques, morales et sexuelles qui seraient récurrentes depuis 2021".

Une victime sous emprise?

Cette même source nous précise que l'homme, de nationalité ivoirienne, est effectivement sans papier et que la suspecte a bien utilisé sa situation irrégulière comme moyen de pression pour obtenir des faveurs sexuelles. Me Ahmed Randi doute néanmoins de cette affirmation.

"L'homme est signataire d'un bail immobilier, il travaille dans des agences d'intérim et est marié depuis sept ans avec une ressortissante française. Il est donc tout à fait probable qu'il ait été régularisé depuis un bon moment. Dans ce contexte, la menace de faire retirer son titre de séjour pour obtenir des faveurs sexuelles ne tient pas", argumente-t-il.

Où se trouve la vérité dans ces accusations? C'est ce que l'enquête doit déterminer alors que la victime s'est récemment rétractée de la procédure. "Le mari a envoyé un courrier de retrait de plainte au parquet, précisant que son épouse était 'une bonne personne'", explique Me Randi. Le retrait d'une plainte n'éteignant pas nécessairement l'action publique, les investigations se poursuivent. Et la question d'une potentielle emprise de la suspecte sur son époux plane. Est-ce la peur qui l'a poussé à retirer sa plainte?

"Les expertises psychologiques permettront d'éclairer ce point", indique, prudent, Me Ahmed Randi. Ce dernier estime néanmoins qu'à ce stade, "les éléments de l'emprise ne sont pas réunis". "Le mari a expliqué qu'il était autonome financièrement et qu'il avait déjà entrepris de déposer plainte pour des violences contre sa compagne, une procédure qui n'a pas été suivie d'effets."

Demande de mise en liberté

Depuis sa garde à vue et son placement en détention provisoire, le 11 mars, la femme de 28 ans, sans emploi, nie catégoriquement les accusations de viol, mais reconnaît en revanche "des épisodes de violences" au sein du couple.

"C'est la première fois qu'elle est incarcérée, elle n'a jamais eu affaire à la justice. C'est un véritable choc pour elle. Elle s'est retrouvée prise dans un système judiciaire qui l'a broyée", insiste son avocat qui réclame sa remise en liberté.

Une première requête en ce sens a été examinée le 23 mars par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Chambéry. Celle-ci a été rejetée en raison du risque de pression de la suspecte sur le plaignant ou des témoins.

"Ma cliente bénéficie du soutien de sa famille, et notamment d'une tante qui propose de l'héberger. Elle pourrait donc s'installer chez elle, avec un bracelet électronique", entrevoit Me Randi qui nous indique déposer une nouvelle demande de mise en liberté ce mercredi au juge d'instruction chargé de l'enquête.

Article original publié sur BFMTV.com