Le chalutage de fond, une source d’émissions de CO₂ considérable
“Le chalutage de fond est une méthode de pêche extrêmement destructrice dans la mesure où les filets et les poids détruisent les habitats marins, lesquels mettent plusieurs années à se rétablir”, rappelle Mika Peck, de l’université du Sussex, au Royaume-Uni, interrogé par New Scientist. Et ce n’est pas le seul argument en défaveur de cette méthode de pêche aussi répandue que controversée qui permet de capturer des poissons de fond, des crustacés et autres coquillages.
Dirigée par Trisha Atwood, de l’université d’État de l’Utah, aux États-Unis, la première étude à avoir estimé ses émissions montre en effet qu’elle serait responsable du largage de 340 millions de tonnes de CO2 chaque année dans l’atmosphère. Les résultats de ce travail viennent d’être publiés dans Frontiers in Marine Science.
Comme l’observe New Scientist, “cela correspond presque à 1 % des émissions mondiales de CO2”, à comparer aux 2,8 % que totalisent l’aviation et le transport maritime. “Une contribution majeure négligée jusqu’à présent”.
Réservoirs sous-marins
La raison est la suivante : lorsque les filets lestés remuent les sédiments marins, ils libèrent le dioxyde de carbone qui y est piégé en grande quantité. Les fonds marins constituent en effet un réservoir de CO2, comme les forêts par exemple.
Que devient le CO2 une fois dilué dans l’eau de mer ? Y reste-t-il ou rejoint-il l’atmosphère, contribuant ainsi à augmenter l’effet de serre ?
Pour le savoir, Trisha Atwood et ses collègues ont fait appel à des spécialistes de la modélisation de la circulation océanique. “D’après les modèles, environ 55 % du CO2 relâché dans la mer par le chalutage finira par arriver dans l’atmosphère au bout de neuf ans”, écrit New Scientist, qui précise que d’autres chercheurs ne sont pas d’accord avec les chiffres avancés. L’un d’eux, qui considère que les estimations sont mille fois trop élevées, explique par exemple au magazine que le carbone du fond de la mer se trouve majoritairement sous des formes difficiles à briser par les filets, comme les os et arêtes, “ce qui signifie que, même si les sédiments sont remués, cela n’occasionnera pas d’émissions [de CO2]”.
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