"C'est inadmissible": un "combat de nains" annoncé à Toulouse, le gouvernement "condamne fermement"
Un "combat de nains" doit être organisé à Toulouse le 11 avril prochain, au grand dam de l'Association des personnes de petites tailles et du gouvernement. Les deux entités "condamnent" sans ambiguïté cette annonce.
"Est-ce qu'on imaginerait une seule seconde ce type de (combat, NDLR) avec des personnes dites noires?" Violette Viannay, la présidente de l'Association des personnes de petite taille, ne décolère pas après avoir appris l'organisation, le 11 avril prochain, d'un "combat de nains" dans une discothèque de Toulouse (Haute-Garonne). Une soirée "condamnée fermement" auprès de BFMTV.com par Fadila Khattabi, la ministre chargée des Personnes âgées et des Personnes handicapées.
Les organisateurs ont annoncé la soirée dans une vidéo publiée ce mercredi 13 mars sur Tiktok, déjà vue plus de 370.000 fois à l'heure de publication de cet article. Elle invite les personnes à se dépêcher de réserver leur place en raison de "l'engouement" généré. Un événement similaire avait été organisé en octobre, selon plusieurs vidéos diffusées sur les réseaux sociaux.
L'annonce de cette soirée écœure Violette Viannay. Elle "dénonce fermement" cet événement et les "termes employés qui en disent long" sur les mentalités et le regard porté sur les personnes handicapées. De son côté, la ministre Fadila Khattabi regrette une nouvelle occurrence d'un "événement dégradant".
"Les deux 'boxeurs' ne sont pas invités dans le cadre d’un événement sportif, mais bien en raison de leur handicap et, de surcroît, pour s’en moquer. C’est inadmissible et je le condamne fermement", explique-t-elle à BFMTV.com.
Flou juridique
Ce combat est-il légal? S'il existe des dispositions juridiques condamnant la "discrimination" en raison du handicap, elles ne couvrent pas les activités "récréatives", lorsque le but est "de divertir".
Il existe cependant un arrêt du Conseil d'État, dit arrêt de Morsang-sur-Orge, né après la dénonciation d'événements de "lancers de nains" en 1995. Cette jurisprudence permet aux autorités locales d'interdire ce genre d'activité, "mais cela reste à leur appréciation", relève Violette Viannay.
"Il ne condamne pas pénalement l'existence de ces divertissements (ce qui n'aide pas forcément à limiter ce fléau) et il se construit sur le principe de 'l'ordre public' et non spécifiquement de la 'dignité humaine'", regrette la présidente, qui appelle à une modification de la législation.
Manuel Wackenheim, dont l'activité avait mené à la décision de justice, avait pour sa part regretté l'interdiction de la pratique du "lancer de nain". "Dignité humaine? C’est bien beau tout ça. Moi, je gagnais ma vie comme je pouvais", racontait-il en 2014 au Dauphiné Libéré.
Pas d'action à ce stade des autorités locales
Pour ce qui est du "combat de nains" de Toulouse, la charge d'éventuellement interdire cette soirée revient donc aux autorités locales. Contactée, la mairie de Toulouse ne souhaite pas s'exprimer à ce stade sur cette question relevant d'une "activité privée". La préfecture n'a, pour sa part, pas répondu aux sollicitations de BFMTV.com, de même que les organisateurs et la discothèque qui accueille l'événement.
L'Association des personnes de petite taille souhaiterait d'ailleurs que les administrations locales agissent de manière proactive afin d'éviter que "les associations soient 24h/24 aux aguets pour s'assurer qu'il n'y a pas de dérives de ce type". "Il s'agit de la dignité de leurs concitoyens", appuie-t-elle.