"C'est effrayant": à la frontière libanaise avec Israël, les habitants hésitent entre rester ou fuir

"C'est effrayant": à la frontière libanaise avec Israël, les habitants hésitent entre rester ou fuir

Toute la famille de Milad Eid a quitté le petit village libanais d'Alma ech-Chaab, situé à deux kilomètres de la frontière avec Israël lundi dernier, voyant la situation entre Israël et le Hamas dégénérer. "Morts d'inquiétude", sa femme, son fils, sa femme et leur petit garçon de deux ans ont ainsi pris la route direction Beyrouth, par mesure de précaution.

"Quand la situation a empiré, on s'est dit qu'il était plus prudent de partir", raconte Elie Eid à BFMTV.com. "C'est tellement effrayant qu'on n'a pas réfléchi longtemps. Nous avons tout de suite quitté le village en voiture pour rejoindre leur maison de la capitale, dans le nord du pays, et on se sent plus à l'abri ici. On restera le temps qu'il faudra, tant que ça ne s'est pas calmé durablement".

Le village d'Alma ech-Chaab quasi vidé de ses habitants

Son père, lui, refuse de quitter les lieux, au grand dam de ses proches. Cet homme de 62 ans, propriétaire d'un hôtel (baptisé Alma Verdi), prend donc soin des lieux pendant l'absence de sa famille. "On est morts d'inquiétude pour lui. Tous les jours, on essaie de le convaincre de nous rejoindre mais il estime que c'est son devoir de protéger le village", déplore son fils de 35 ans.

À l'hôtel, "nous n'avons plus aucun client à cause de la situation, mais je m'occupe des lieux. On reste quand même ouvert. La semaine dernière, on a reçu quelques reporters venus pour le conflit, mais ils sont partis depuis... et l'un d'eux est mort", raconte le sexagénaire. Vendredi dernier, Issam Abdallah, un reporter pour l'agence Reuters, est mort touché par un bombardement israélien près du village.

Dans les rues d'Alma ech-Chaab, il n'y a plus d'enfants, à en croire Milad Eid. Le sexagénaire estime qu'entre 60 et 70 personnes sont restées, sur les quelque 900 habitants habituellement. Le prêtre du village, lui aussi, a tenu à rester dans la zone frontalière pour "prier pour les habitants qui sont restés".

"On vit au jour le jour"

"Nous ne sommes plus beaucoup ici. Ce sont surtout des couples, des personnes âgées. On attend", confie Milad Eid. "Certains hésitent à partir. Mais ceux qui restent n'ont pas peur, et même si c'était le cas, nous ne voulons pas fuir".

Le plus difficile, selon lui et son fils réfugié à Beyrouth, c'est "l'incertitude". "On ne sait pas quel est l'objectif de ces bombardements. On ne sait pas à quoi s'attendre, on vit au jour le jour".

Chaque jour, les quelques habitants restant à Alma ech-Chaab peuvent voir et entendre les bombardements israéliens à quelques kilomètres de chez eux. "Environ deux fois par jour", selon cet homme, qui a repris l'habitude d'aller se réfugier dans son abri anti-bombe sous-terre, avec quelques voisins. "On y reste parfois deux, trois heures, parfois plus", raconte cet homme.

Plusieurs pays occidentaux, dont la France, déconseillent ces derniers jours à leurs ressortissants de se rendre au Liban, en raison de la crainte d'un embrasement régional de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien à Gaza. Des affrontements entre le Hezbollah libanais, allié du Hamas, et l'armée israélienne se sont multipliés ces derniers jours à la frontière.

Article original publié sur BFMTV.com