"C'est le bordel": "déflagration" au sein de l'équipe de Montebourg après ses propos sur l'immigration

Le candidat ex-PS à la présidentielle Arnaud Montebourg à Carbonne le 30 septembre 2021 - Lionel BONAVENTURE © 2019 AFP
Le candidat ex-PS à la présidentielle Arnaud Montebourg à Carbonne le 30 septembre 2021 - Lionel BONAVENTURE © 2019 AFP

L'épisode risque de laisser durablement des traces. Dimanche, au Grand Jury de RTL, Le Figaro et LCI, Arnaud Montebourg a provoqué la stupeur à gauche, et dans sa propre équipe, en reprenant à son compte une proposition déjà formulée dans le passé par Marine Le Pen et Éric Zemmour.

L'ancien ministre socialiste a proposé de bloquer "tous les transferts" d'argent des immigrés, "11 milliards qui passent par Western Union", pour faire pression sur les pays qui refusent de reprendre leurs ressortissants expulsés de France.

Une sortie dans la foulée condamnée par plusieurs personnalités de gauche, telle que le candidat insoumis à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon, qui a dénoncé une "mesure d'une cruauté totale", ou encore le Premier secrétaire du Parti socialiste (PS) Olivier Faure, qui a tancé le candidat de la "remontada" en l'accusant de "reprendre cette vieille proposition de l'extrême droite".

Rétropédalage et défections

Un tollé tel, que le candidat à la présidentielle a dû faire acte de contrition lundi soir sur LCP.

"J'ai ressenti beaucoup d'émoi, beaucoup d'émotion, chez mes propres amis, dans ma famille, certains pratiquent ce soutien, cette entraide par-delà les frontières. (...) Je me suis fait engueuler par des gens que j'aime. J'ai compris que je m'étais mal exprimé", a lâché l'ancien ministre de l'Économie de François Hollande.

Parmi ses soutiens, l'onde de choc a été perceptible. Lundi, avant le mea culpa d'Arnaud Montebourg, le collectif "Les Jeunes pour Montebourg" a annoncé faire défection dans un communiqué, justifiant le retrait par une proposition "injuste et inhumaine", qui "heurte fondamentalement nos valeurs et les raisons de notre engagement".

Une proposition refusée en conseil politique

"Il voulait lever le sujet des OQTF (Obligation de quitter le territoire français, NDLR), mais il devait parler du gel des avoirs des dirigeants de ces pays", confie une source au sein de l'entourage d'Arnaud Montebourg à BFMTV.

"Cette proposition avait été refusée en conseil politique. Le conseiller auteur de cette fiche, c'est Jean-Baptiste Barfety, un souverainiste de gauche, ancien chevènementiste qui a tourné au vinaigre. Il chasse le titre de responsable des idées de la campagne", indique-t-on de même source.

Selon nos informations, une discussion très animée a eu lieu entre les deux hommes, Arnaud Montebourg reprochant à Jean-Baptiste Barfety le fait que la proposition ait été portée par Zemmour et qu'il ne lui ait pas dit. Pour les proches de l'ex-socialiste, c'est la proposition en elle-même qui pose problème. "Quand un mec de gauche court après la droite dure, on sait ce que ça donne: Manuel Valls, et ça ne marche pas", certifie-t-on.

"La déflagration est énorme"

Au sein de l'équipe Montebourg, l'ambiance est morose. "Depuis dimanche, la déflagration est énorme. C'est le bordel. Il y a beaucoup de gens qui disent qu'ils vont partir mais tous ne partiront pas", livre-t-on. Le rétropédalage de Montebourg a toutefois été bien accueilli.

"Je ne suis pas satisfait de la séquence, mais les cris d'orfraie de la gauche 'il ne faut pas parler des OQTF', c'est une connerie. C'est un sujet. La gauche qui considère que ce n'est pas un sujet, c'est un problème. D'ailleurs, certains nous ont écrit pour nous remercier de mettre le sujet dans le débat, même s'ils n'ont pas apprécié l'annonce", selon l'entourage du candidat. 876450610001_6280813158001

Retrait de parrainages?

La séquence suscite encore des remous. Des maires, qui avaient apporté leur parrainage à Arnaud Montebourg, rappellent les équipes pour revenir dessus: "Certains nous ont appelé pour nous dire qu'ils avaient mal daté, qu'il faudrait qu'on leur renvoie leurs parrainages. Ce n'est pas massif, mais on va essayer de les convaincre."

Quant au retrait des "Jeunes pour Montebourg", on évacue la question, évoquant "une dizaine de 'sciencepoistes' qui ne ressemblaient pas à la jeunesse que l'on veut représenter, donc aucun impact pour nous, on voulait s'en débarrasser. Ils ont juste mal choisi leur moment, ce sera leur premier et leur dernier fait d'armes", siffle-t-on.

En dépit de la polémique, la sénatrice socialiste Laurence Rossignol, porte-parole de son ancien collègue au gouvernement, réaffiche son soutien au candidat.

"La campagne et le projet d'Arnaud Montebourg ne se résument pas à ça. Quand on s'engage dans une équipe de campagne, ce n'est pas parce qu'il fait une grosse bêtise que ça invalide tout le reste. Surtout quand le lendemain, le candidat va faire acte de contrition à la télé. Ce n'est pas parce qu'il a buggé sur un truc comme ça... Sur tous les autres sujets, il est dix niveaux au-dessus des autres", juge l'élue de l'Oise.

Contrairement aux Jeunes pour Montebourg, aucun sénateur soutien de l'entrepreneur ne devrait retirer son appui.

Article original publié sur BFMTV.com