Cerveau, socio et fiction : pourquoi aimons-nous de plus en plus les mondes imaginaires ?

C'est un fait : les fictions se déroulant dans un monde imaginaire ainsi que leurs émules sont de plus en plus nombreuses. Traits de personnalité, contexte sociologique et conditionnement de nos cerveaux expliquent ce phénomène grâce aux sciences cognitives.

Les univers imaginaires de Poudlard, la Terre du Milieu ou Tatooine ont bercé les dernières générations. "En un siècle, le pourcentage de films dont l'action se situe dans un monde imaginaire a doublé", estime Edgar Dubourg, chercheur en sciences cognitives à l'Ecole Normale Supérieure (ENS-PSL), atteignant 10 à 20% selon la méthode de calcul. Une tendance également retrouvée dans d'autres médias comme la littérature. Mais pourquoi aimons-nous plus les mondes imaginaires que nos ancêtres ? La réponse se situe à la fois dans l'évolution de nos sociétés et dans nos traits de caractères au niveau individuel, explique le chercheur.

"Les films d'horreur activent la peur, dont la fonction est d'éviter les dangers et d'y réagir de manière appropriée", commence Edgar Dubourg. Mais quelle est l'émotion recherchée par les amateurs de mondes imaginaires, et quelle en est la fonction ? C'est la question sur laquelle s'est penché le chercheur, lui-même mordu de ce type de fictions. "Dans les années 1990, des chercheurs en psychologie expérimentale ont fait noter des images à des participants. Celles qui étaient les plus appréciées appelaient à l'exploration, elles montraient des portes ou des chemins par exemple." Pour Edgar Dubourg, nos cerveaux pourraient donc apprécier les mondes imaginaires justement parce qu’ils activent notre curiosité pour des environnements nouveaux, explorables. A l'origine, rendre l'inconnu plus prévisible permet tout simplement une meilleure survie.

On aime plus les mondes imaginaires dans les sociétés plus riches et plus sûres

Mais voilà : plus l'environnement est dangereux, plus l'exploration est risquée et moins elle est récompensée, comme le montrent les études sur les animaux. "On a beaucoup moins à perdre à explorer un environnement sécurisant qu'un environnement dangereux", explique Edgar Dubourg. "Ce mécanisme permet de réagir de façon flexible à ce qui nous entoure." Les humains seraient donc beaucoup plus curieux dans des environnements plu[...]

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