Une cellule de vigilance pour prévenir les suicides de policiers

Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a annoncé vendredi la mise en place d'une cellule de vigilance pour prévenir les suicides dans la police, dont le nombre est en forte hausse en début d'année. /Photo prise le 21 mars 2019/REUTERS/Christian Hartmann

PARIS (Reuters) - Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a annoncé vendredi la mise en place d'une cellule de vigilance pour prévenir les suicides dans la police, dont le nombre est en forte hausse depuis le début de l'année.

Les syndicats de police ont tiré cette semaine la sonnette d'alarme après les nouveaux drames qui se sont produits le week-end dernier.

Selon le ministère de l'Intérieur, 24 policiers et deux gendarmes se sont donné la mort depuis le début de l'année, contre 35 policiers et 33 gendarmes sur l'année 2018. Selon Unsa Police, le nombre de suicides des trois derniers mois est aussi élevé que celui des huit premiers mois de 2018.

"Comme chaque drame, nous devons tout faire pour les éviter", a dit Christophe Castaner à la presse lors d'un déplacement à l'Hôpital des gardiens de la paix, à Paris. "Nous ne laisserons pas le suicide devenir un risque du métier".

"Je souhaite qu'au moment de la crise, au moment ou une personne suicidaire tente de passer à l'acte, elle puisse aussi avoir une écoute, une orientation", a-t-il ajouté.

"J'ai mis en place une cellule de vigilance sur la question du suicide que j'installerai dans les 15 jours pour qu'elle anime la réflexion, qu'elle soit disponible, pour qu'un policier, un gendarme, un fonctionnaire du ministère puisse 24 heures sur 24 trouver une oreille attentive et puisse être ensuite accompagné", a-t-il ajouté.

Un numéro de téléphone dédié, disponible 24 heures sur 24, permettra de signaler les risques et de mettre les personnes en souffrance en relation avec des psychologues. Des réunions et séances de formation seront également organisées.

Il a promis l'accélération de la mise en oeuvre du plan de mobilisation visant à renforcer la prévention des suicides, lancé en mai 2018 par son prédécesseur Gérard Collomb.

Un plan d'investissement de 900 millions d'euros doit notamment être lancé d'ici la fin de l'année 2020 pour rénover les casernes et commissariats. Le gouvernement prévoit de créer 10.000 postes d'ici 2022. Quelque 600 voitures neuves doivent être livrées cette année, ajoute Christophe Castaner.

Pour Alternative Police-CFDT, "il y a incontestablement une véritable souffrance des policiers confrontés quotidiennement à la misère sociale, à la pression hiérarchique et aux missions successives sans possibilité de repos régulier".

Dans un communiqué, UNSA Police juge la gestion des risques psychosociaux et des suicides par le ministère de l'Intérieur "aussi catastrophique qu'inefficace" et réclame la mise en place de procédures "cohérentes" avec les besoins des policiers en détresse.

Selon un rapport sénatorial publié en juin dernier, le taux de suicide dans la police est supérieur de 36% à celui observé dans la population générale.

(Caroline Pailliez, avec Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)