Cécile Lenoir, victime d’une tentative de meurtre : "Elle voulait me prendre la vie parce qu’elle pensait que je lui avais pris son couple"

Viols, agressions, deuils insurmontables, accidents de la vie : dans "Trauma", anonymes et célébrités reviennent pour Yahoo sur un traumatisme qui a bouleversé leur vie.

Le 4 juin 2017, Cécile Lenoir perd une jambe lorsqu’elle est percutée de plein fouet par une voiture près de Nemours. Un acte délibéré, selon elle, qui a bouleversé sa vie. Pour Yahoo, la jeune femme en quête de justice revient sur les faits et livre un témoignage bouleversant.

Survivante mais traumatisée, Cécile voit sa vie à jamais transformée le jour où elle se fait renverser par une voiture. À seulement 20 ans, elle est prise pour cible par une femme jalouse qui la heurte volontairement. Sa jambe est sectionnée sur le coup. Une jeunesse brisée qui se transformera en années de calvaire pour Cécile, qui doit alors partager son temps entre l’hôpital et son combat pour obtenir justice. (Retrouvez l’intégralité de l’interview en fin d’article)

"Je me suis dit : "J’ai plus de jambes, j’ai plus de vie, je suis morte"

Ce jour-là, ce devait être un matin comme les autres pour Cécile qui se rend au travail à moto avec un collègue. Mais c’est sans savoir que l’ex-petite amie de ce dernier les attendait, cachée derrière la maison. Au volant d’une voiture, elle essaie de les percuter une première fois, sans succès. Elle les prend alors en chasse sur plusieurs centaines de mètres. Cécile et son collègue descendent de moto à un stop, l’homme voulant essayer de calmer les choses. Malheureusement pour Cécile, la conductrice ne s’est pas arrêtée et l’a prise pour cible. La jeune femme se souvient de l’instant juste avant l’impact : "Le premier instinct que notre corps a, c’est de se tétaniser et de fermer les yeux".

Débute alors le cauchemar pour elle. Elle est percutée et écrasée entre la voiture et une barrière. "J’ai vu l’état de mes jambes, il y en a une qui était coupée net sur la route et l’autre était en angle droit." En une fraction de seconde, Cécile, consciente de son état, imagine sa vie finie, l’angoisse la submerge. "Je me suis dit : "J’ai plus de jambes, j’ai plus de vie, je suis morte"." Pour elle, la douleur psychologique de l’accident est bien plus puissante que la douleur physique. En tout cas, sur le moment. Car quelque temps plus tard, ce seront les douleurs fantômes qui vont l’assaillir comme elle le raconte : "Je sentais mon pied se faire écarteler alors que je n’avais plus de jambe".

"Je ne veux pas qu’on voit mon moignon, je ne veux pas qu’on me touche"

Pour Cécile, la raison de son agression est simple : la jalousie. D’après elle, la conductrice a voulu la tuer car elle pensait que les deux collègues avaient une liaison. Mais le préjudice que Cécile a subit ne s’arrête pas là. Elle explique avoir entamé une relation avec ce collègue après son accident. Ce dernier s’était montré très présent lors de son hospitalisation. Mais la jeune femme tombe de haut lorsqu’elle apprend la vérité sur cet homme. "Il était là parce qu’il n’avait ni permis ni assurance et il avait peur que je porte plainte contre lui. Pendant qu’il était avec moi à l’hôpital, il s’était remis avec elle."

Cet événement anéantit les chances de Cécile d’avoir une jeunesse normale : "Les trois-quarts de mes 20 à 26 ans, je les ai passés dans les hôpitaux et les centres de rééducation". Aujourd’hui encore, malgré la possibilité pour elle d’être à nouveau debout grâce à sa prothèse, sa vie reste compliquée. La jeune femme n’arrive pas à accepter son corps. "Je ne veux pas qu’on voit mon moignon, je ne veux pas qu’on me touche", explique-t-elle. En conséquence, une impossibilité de reconstruire sa vie et de trouver l’amour.

"J’ai de la haine pour elle aujourd’hui à cause de l’injustice"

Mais c’est surtout le manque de justice qui l’empêche d’avancer. Six ans après les faits, l’affaire n’a pas encore été jugée. Cécile a d’abord dû se battre pour que son agression ne soit pas considérée comme un accident de la route, mais bel et bien comme une tentative d’homicide. La date du jugement n’a pas encore été fixée. Une justice qui tarde à venir, mais qui, pour Cécile, serait la seule manière de sortir la tête de l’eau. « Elle m’a gâché la vie, elle m’a retiré une partie de mon corps, et j’ai de la haine pour elle aujourd’hui à cause de l’injustice ».

Retrouvez en intégralité l'interview de Cécile Lenoir

Article : Coralie Fricher